Le Joola, un ferry sénégalais, a sombré le 26 septembre 2002 au large de la Gambie. Neuf ans après la catastrophe maritime, les familles des victimes sont toujours à la recherche de la vérité, espérant que justice soit faite.
Une date fatidique qu’ils n’oublieront jamais. Des familles entières ont perdu des proches le 26 septembre 2002, suite au naufrage du Joola au large de la Gambie. L’une des plus grandes catastrophes maritime de l’histoire. Le bilan officiel fait état de 1863 morts, dont des Français. Mais il a été remis en question par les associations des familles des victimes qui estiment qu’au moins 1953 personnes auraient péri. Seules 64 personnes ont survécu et 500 corps ont pu être récupérés et inhumés.
Vers un procès en France ?
Neuf ans après le drame, les familles des victimes, qui pointent du doigt la responsabilité de l’Etat sénégalais, attendent toujours que justice soit faite. La justice sénégalaise ayant classé le dossier, elle compte sur l’intervention de la justice française pour faire la lumière sur cette affaire. Les familles des victimes françaises ont porté plainte au tribunal d’Evry. Une instruction judiciaire a été ouverte en avril 2003. Elle a pris fin le 30 juin. Une décision du juge français chargé du dossier, Jean Wilfrid Noël, est attendue pour savoir s’il y aura un procès ou non. Ce dernier a délivré des mandats d’arrêts internationaux contre neuf responsables sénégalais, puis sept autres mandats pour « homicides involontaires », « violation de l’obligation de sécurité » et « défaut d’assistance à une personne en péril ». Les mis en cause n’ont pour le moment jamais été auditionnés.
Alain Verschatse, président de l’association des familles des victimes françaises, actuellement au Sénégal pour la cérémonie de commémoration, est convaincu qu’un procès aura lieu, selon Walfadjri. D’après lui, « on va vers un procès en France avec ou sans les coupables présumés. Mais, on n’espère pas avoir les présumés coupables à la barre ». Interrogé par RFI, il estime que l’accusation ne peut être faite qu’à l’encontre de l’Etat sénégalais, car selon lui, « c’est un bateau qui appartenait à l’Etat et qui était sous commandement militaire ».
« Si l’Etat avait pris ses responsabilités notre douleur serait moins grande »
Les familles des victimes sénégalaises luttent, quant à elles, constamment pour le respect de la mémoire de leurs proches décédés et la prise en charge des orphelins. Awa Fall, joint par Afrik.com, figure parmi les nombreux orphelins des victimes du Joola. Agée aujourd’hui de 25 ans, elle a perdu sa mère et ses deux petits frères dans la catastrophe lorsqu’elle avait 17 ans. Elle estime que « même si l’Etat sénégalais a reconnu sa part de responsabilité, cela ne suffit pas. Il doit surtout accepter d’être jugé ».
Selon la jeune fille, « toutes les familles des victimes espèrent que justice soit faite, que ce soit au Sénégal ou en France. Si l’Etat avait pris ses responsabilités, notre douleur serait moins grande ». Elle juge que « les indemnisations, de l’ordre de 10 millions de Francs CFA distribuées par l’Etat, n’effaceront jamais notre chagrin ». D’ailleurs, « certaines familles de victimes les ont refusées car elles attendent d’abord la tenue d’un procès », renchérit-elle. « Je n’ai jamais rien vu de l’argent que l’Etat a remis à mon père. Lui seul sait ce qu’il en a fait. Toute cette histoire est triste ».
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