A quelques jours de la Tabaski, les familles sénégalaises sont dans l’urgence face aux multiples dépenses. Entre le tissu à acheter et le tailleur à payer, en plus du mouton qui coûte la prunelle des yeux, c’est le calvaire notamment des chefs de famille qui ne savent pas à quel saint se vouer. En ce début de mois de juin, malgré l’avance de Tabaski perçue en plus du salaire, ils sont nombreux les fonctionnaires qui se plaignent de la cherté des produits.
Dans un peu plus de deux semaines, le monde musulman célèbre l’Aïd el-Adha, communément appelée Tabaski au Sénégal. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest peuplé par plus de 95%, de musulmans, cette fête est sacrée. Il est inimaginable de ne pas la célébrer à sa juste valeur. Pour cela, il faut des habits neufs, des chaussures, des cheveux naturels pour la plupart des femmes, sans compter le bélier à se payer. Alors que les prix des moutons sont loin d’être accessibles. C’est un véritable parcours du combattant pour faire face à ces dépenses.
« Toujours prêts à mettre les moyens pour passe une bonne fête »,
« La plupart préfèrent acheter un tissu Getzner, en provenance d’Allemagne, dont le mètre coûte entre 12 et 17 mille francs. Malgré les temps durs, la plupart des tissus que je reçois de mes clients sont des Getzner. Pour un adulte, il faut quatre mètres pour faire un boubou et 7 mètres pour un trois-pièces. Rien que pour le tissu, certains mettent plus de 100 mille francs. Ce qui fait que la Tabaski est un évènement très couteux, surtout pour les pères de famille. Quand on sait que la couture revient entre 12 et 25 mille francs, imaginez le calvaire des chefs de famille », confie Abdou Diop, tailleur, la cinquantaine révolue.
« Chaque année, on entend la même version : que les temps sont durs, que les gens ont la tête aux priorités. Seulement, moi qui suit dans ce métier depuis mes quinze ans, sais que rien n’a changé. Au contraire, les gens restent sur leur logique de se payer de très beaux habits et chaussures. Et des tissus de qualité. En tout cas, je suis persuadé que ce n’est pas demain que les Sénégalais vont changer leurs habitudes s’agissant de la préparation de la Tabaski. Malgré les prix des produits qui grimpent, les chefs de famille sont toujours prêts à mettre les moyens pour passe une bonne fête », poursuit l’homme, verres correcteurs et bonnet bien vissé sur la tête.
« La Tabaski est financièrement dure à supporter »
« Ce bélier coûte 300 mille francs, celui d’à côté vaut 250 000 FCFA. Mes prix sont abordables », lance Samba Kâ, éleveur, à un client. Son bâton à la main droite pour lui permettre de maîtrise ses bêtes, l’homme est serein en attendant de se frotter les mains. Il a une trentaine de moutons à écouler avant la Tabaski. « Je peux facilement me faire entre 5 et 7 millions de chiffre d’affaires durant la période de Tabaski. C’est le moment idéal pour faire du chiffre. Surtout que je propose de beaux béliers dont les prix varient entre 150 et 450 mille francs. Les Sénégalais adorent les beaux moutons et j’en propose de très beaux, bien nourris », nous confie cet éleveur.
« Ils sont beaux mais très chers tes moutons. J’aurai voulu me procurer un mouton d’environ 200 mille francs, mais celui que tu me proposes me semble très petit. Je vais continuer à chercher dans le foirail. Peut-être que j’en trouverai un qui me convient », lance cet homme à qui l’éleveur exhibait ses bêtes. Avec des moyens visiblement limités, ce père de famille, la cinquantaine, compte rentrer chez lui avec la corde de son bélier à la main. « Je préfère acquérir mon mouton maintenant et me libérer de cette charge qui me pèse. Je me suis déjà saigné pour les tissu et la couture, un dernier effort et je peux enfin respirer. La Tabaski est financièrement dure à supporter », se plaint l’homme.