Le procès de Karim Wade se poursuit au palais de justice à Dakar. Le fils de l’ancien président sénégalais accusé d’enrichissement illicite n’a toujours pas été entendu car la bataille juridique sur les questions de formes du procès de poursuit entre les avocats des deux camps. Ce mercredi, la parole a été donnée à la défense, qui a dénoncé tout au long de sa plaidoirie la violation des procédures juridiques depuis le début de cette affaire, qui tient en haleine tout le pays de la Téranga.
Au palais de justice, à Dakar,
Vêtu d’une djellaba blanche, comme d’habitude depuis le début de son procès, Karim Wade est une fois de plus applaudi dès qu’il est aperçu par ses sympathisants. « Karim président », crient-ils. « Tu sera le futur président du Sénégal, c’est moi qui te le dis », hurle le bras levé cette jeune fille, sous le regard des forces de l’ordre qui lui font signe de se taire. Le fils de l’ancien président du Sénégal Abdoulaye Wade, accusé d’enrichissement illicite, est appelé à la barre avec ses présumés complices. Le juge Grégoire Diop rend la décision de la Cour suprême, qui a décidé de rejeter la demande de sursis à statuer « non fondée » que la défense avait réclamée lundi au cours de l’audience. Finalement, la Cour avait décidé de renvoyer cette question à la Cour suprême, qui s’est penchée sur ce dossier mardi.
Seulement cette décision a été contestée dès le début de l’audience, ce mercredi, par la défense, poussant le juge Grégoire Diop à rappeler que la décision de la Cour suprême ne pouvait être commentée, ajoutant que les défenseurs de Karim Wade peuvent effectuer un pourvoi en cassation s’ils sont mécontents. Ces derniers réclament alors dix minutes pour se concerter à nouveau. Refus du juge Grégoire, estimant qu’ils avaient largement le temps de le faire la veille et qu’il devait anticiper cette décision. « Ce n’est pas en rapport avec la décision, crie la défense, nous voulons nous concerter car il y a un élément nouveau, qu’on peut certifier par des documents qui doivent nous être apportés. »
«Tout le monde a peur du procureur spécial »
Mais malgré cette interpellation de la défense avec cet élément nouveau en question qui devrait la permettre de réclamer un autre sursis à statuer, le juge, qui ne cache pas son agacement, répète que la décision de la Cour ne peut être commentée, et que ce débat est clos. Mais la défense campe sur ses positions, réclamant de nouveau au juge de prendre en considération cet élément nouveau. Une fois de plus agacé par l’insistance de la défense, Grégoire Diop se détourne alors de cette dernière, demandant cette fois-ci au procureur spécial s’il a un mot à dire. Réponse de ce dernier : « Vous avez rendu votre décision, elle ne doit pas être contestée, vous devez continuer votre travail ». Même son de cloche pour la partie civile, qui affirme que cette question est réglée et que le procès doit se poursuivre.
Le juge Grégoire Diop ordonne alors à la défense de plaider sur les exceptions de nullités pour que l’on puisse enfin passer à l’interrogatoire de fond. La défense s’exécute. Et Tout au long de l’audience, elle dénonce la violation des procédures de juridictions, dont la violation du droit de défense, d’un « procès équitable », de et enfin « d’aller et venir des prévenus » qui ont été interdits de quitter le territoire sénégalais, étant poursuivis par la justice. Elle pointe aussi du doigt la constitution de la partie civile, estimant qu’elle est non adéquate selon la loi.
Par conséquent, elle réclame à la Cour l’annulation de tous les interrogatoires dont Karim Wade ainsi que ses présumés complices ont fait l’objet. « Les avocats de la défense bouillonnent, sont parfois brouillon, car ils ont été privés de tous leurs droits depuis le début de cette affaire, comme on prive un ouvrier de ses outils », fustige l’un des avocats de Karim Wade, rappelant à la Cour qu’elle est l’ultime « recours dans l’application du droit ».
La défense dénonce aussi une enquête effectuée dans un cadre illégal et arbitraire, s’adressant au procureur spécial, qui selon elle n’a pas respecté les différentes procédures juridiques qui régissent l’enquête. Selon elle, « actuellement tout le monde a peur du procureur spécial car personne ne connaît l’étendue de ses pouvoirs », dit-elle ironiquement. Ce dernier répondra à cette pique sans doute jeudi, où l’audience reprendra au palais de justice…