Les rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) réclament l’indépendance de la région située au sud du Sénégal depuis 1982. Sept militaires sénégalais ont péri lundi lors de violents affrontements avec les indépendantistes. L’armée est très inquiète par leur puissance de feu. Elle soupçonne les pays voisins du Sénégal de leur fournir des armes.
Les rebelles du mouvement des forces démocratiques de Casamance(MFDC) sont bien armés. C’est ce constat qui inquiète l’armée sénégalaise. Le MFDC dispose d’une artillerie lourde digne d’une armée traditionnelle. « C’est sûr qu’ils ont de nouveaux équipements qu’ils n’avaient pas, des armes comme les lance-roquettes, les mortiers, les mitrailleuses », a déclaré mardi à l’AFP un responsable militaire sous couvert de l’anonymat. Cette déclaration intervient au lendemain d’une attaque du MFDC contre les militaires Sénégalais en Casamance, au cours de laquelle 7 d’entre eux ont été tués. Il s’agit du bilan le plus lourd enregistré par l’armée depuis 2009. L’attaque a eu lieu entre la commune de Bignona et le village Boutolate situé à 35 km de Ziguinchor. Du côté des rebelles, certaines sources font état de plusieurs morts.
Les populations qui assistent à cette montée de violence depuis quelques jours vivent constamment dans la terreur. Les combats avaient déjà débuté dimanche à Bignona. Les militaires avaient dû intervenir pour arrêter les assaillants qui avaient planifié plusieurs braquages. Mais l’intervention de l’armée qui leur avait infligé de lourdes pertes, les avait contraints d’y renoncer.
Le gouvernement sénégalais soupçonne les pays voisins d’être à l’origine de cet équipement militaire qui profite aux indépendantistes. Ces suspicions ont germé à la fin du mois d’octobre, lorsque la douane nigériane avait saisi une cargaison d’armes à Lagos convoyées clandestinement depuis l’Iran à destination à la Gambie, pays enclavé à l’intérieur du Sénégal. Suite à cette affaire, Dakar avait protesté contre Téhéran. Le gouvernement gambien avait quant à lui rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran et fermement démenti être le destinataire du convoi d’armes.
Un conflit qui s’éternise
Le MFDC réclame l’indépendance de la Casamance depuis 1982. Séparée du Nord du Sénégal par la Gambie, la région est fréquemment le théâtre de ce type de violences. Son développement agricole et touristique a été en grande partie entravé par ce conflit qui désormais prend la forme de braquage armé. Les populations en sont les premières victimes. « Le MFDC prépare des actions d’éclat en cette fin d’année. Le mois de décembre est celui de tous les dangers car il coïncide avec l’anniversaire du déclenchement de la rébellion indépendantiste en décembre 1982 à Ziguinchor », affirme un responsable de la sécurité de la ville. Les rebelles qui agissent en bandes armées choisissent les périodes de fêtes pour s’attaquer aux populations supposées avoir de l’argent. Ils n’hésitent pas à les dépouiller de leurs biens sous la menace.
L’archevêque de Dakar, Théodore Adrien Sarr, avait lancé un appel de paix le 24 décembre, invitant le président Abdoulaye Wade et le gouvernement sénégalais à « créer les conditions de la paix en Casamance » et les « combattants du maquis de bien vouloir entendre le cri de détresse et de peur des populations ».
La situation, toujours très tendue, remet en question les accords pour la paix signés en 2004 entre le gouvernement et le MFDC. En octobre 2009, six soldats avaient trouvé la mort dans des affrontements avec des rebelles présumés. Des assises internes du MFDC sont prévues en janvier 2011 à Ziguinchor pour harmoniser les différentes positions rebelles.
Lire aussi : Casamance : l’armée sénégalaise en échec ?