Sénégal : le Sénat et le poste de vice présidence supprimés


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Après le refus du Sénat de voter le projet de loi portant sur la suppression du Sénat, de la vice-présidence et sur la mise en place d’un Conseil économique et social, le Congrès (Assemblée nationale et Sénat) a été convoqué ce mercredi pour départager l’opposition et la majorité présidentielle. Les parlementaires ont finalement voté la suppression du Sénat et de la vice-présidence de la République sénégalaise. Les fonds dégagés devraient permettre de venir en aide aux sinistrés des inondations.

(De notre correspondant)

Les parlementaires ont finalement voté la suppression du Sénat et de la vice-présidence de la République sénégalaise. Les fonds dégagés devraient permettre de venir en aide aux sinistrés des inondations. Il faut rappeler que cette mesure avait été bloquée au Sénat par l’opposition qui avait rejeté le texte de loi ; l’Assemblée nationale ayant le dernier mot, le texte est donc finalement adopté contre l’avis du Sénat.

La session a été présidée par le président du Sénat, Pape Diop membre de la coalition de l’opposition « Book Guiss Guiss ». Il a tenu dans un premier temps à expliquer les motifs de ce Congrès « délocalisé » dans un hôtel pour des raisons d’espace. Sur les 250 parlementaires convoqués (Assemblée nationale et Sénat), 228 en majorité de la coalition présidentielle ont participé à la session. Parmi eux, 168 ont voté pour la suppression du Sénat, 8 absents ont envoyé des procurations pour approuver le projet de loi et il y a eu une abstention. Les parlementaires ont adopté la mise en place du Conseil économique, social et environnemental.

Une victoire pour le camp présidentiel

La députée Hélène Tine, membre du groupe Benno Bokk Yaakaar se dit fière de la suppression du Sénat. « Si aujourd’hui le peuple sénégalais, se trouvant dans le besoin causé par les inondations, emmène le régime en place à déposer ce projet de loi et que ce Sénat est supprimé par une large majorité de parlementaires, nous ne pouvons que saluer ce qui vient de se passer », a-t-elle fait comprendre. Et d’ajouter : « cette décision rend justice au peuple sénégalais qui attend que ce régime réponde à ses besoins ».

Le député Elhadji Diouf, toujours de la majorité présidentielle, revient sur l’aspect historique de ces suppressions du Sénat et du poste de vice-présidence « c’est une forte recommandation du peuple sénégalais qui ne voulait plus de cette chambre parce que cette chambre ne servait à rien. Ensuite ce qui explique mon accord pour la suppression de ce Sénat c’est que la plupart des membres sont nommés par le président de la République et non élus par le peuple », explique le leader du Parti des travailleurs et du peuple (PTP).

L’opposition boude la session et compte répliquer

L’aille dure de l’opposition, incarnée par le Parti démocratique sénégalais (PDS) a boudé la séance, au moment où le Congrès s’apprêtait à voter la suppression du Sénat. S’adressant à la presse, Modou Diagne Fada, président du groupe parlementaire libéral n’a pas apprécié le comportement des nouvelles autorités, « nous avons boudé ce Congres car sa convocation est illégale. Le président de la République a signé le décret convoquant le Congrès le 17 et l’a rendu public le 18 septembre, alors que l’Assemblée nationale devait se réunir le 18 septembre dans l’après midi. Le président, en signant ce décret, il ne connaissait pas l’issu de nos débats à l’Assemblée nationale car il ne savait pas non plus si oui ou non l’Assemblée allait rejeter le Sénat. Le fait de convoquer le Congrès à partir d’un décret signé le 17 septembre est pour nous, une violation du principe de la séparation des pouvoirs » dénonce-t-il. L’opposition compte saisir d’autres juridictions pour annuler la suppression du Sénat.

Le Sénat a été mis en place pour la première fois au Sénégal, en 1999, sous le régime socialiste. Il comprenait 60 sénateurs, dont 45 élus par des membres de l’Assemblée nationale et des représentants des collectivités locales. 12 étaient désignés par le président de la République et 3 par les Sénégalais résidant à l’étranger. Puis, la chambre haute a été supprimée pour des raisons économiques, à la suite d’un référendum constitutionnel organisé le 7 janvier 2001. Elle est rétablie en mai 2007 par le président Abdoulaye Wade. Le Sénat est depuis composé de 100 membres, dont 45 élus au suffrage indirect dans les départements et 55 autres choisis par le président de la République. Le Sénat est encore supprimé pour des raisons économiques.

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