À quelques jours de la fête de la Tabaski, les moutons coûtent toujours cher au Sénégal, pays peuplé à plus de 95 % par des musulmans. Malgré les promesses faites par les nouvelles autorités du pays, les bêtes continuent d’être vendues à des prix exorbitants. Pour un mouton moyen d’une vingtaine de kilos, il faut débourser pas moins de 150 000 francs CFA. De quoi inquiéter plus d’un père de famille.
La course aux moutons est lancée au Sénégal où dans trois jours, l’Aïd el-Adha, communément appelée Tabaski ou fête du mouton, sera célébrée. Dans les différents foirails de ce pays d’Afrique de l’Ouest, ce n’est pas la grande affluence des années précédentes. « Normal, il y a un changement de régime et les nouveaux dirigeants se cherchent. Ils n’ont pas encore mis en place les mécanismes pour que les choses soient bien huilées », nous souffle Diène, coiffeur de son état.
La Tabaski, une fête plus que coûteuse
« Seulement, les prix des moutons ne sont pas accessibles. Et visiblement, il y a moins de moutons disponibles cette année », poursuit l’homme, la quarantaine, frêle avec une casquette qui cache mal ses cheveux rastas. Mais Diène a espoir que le balbutiement de ce nouvel attelage gouvernemental ne va pas tirer en longueur. Autrement, dit-il, « les Sénégalais vont hausser le ton », lance-t-il. Pour le moment, nous n’en sommes pas encore là, c’est la Tabaski qui pointe devant et qui reste une équation.
Tous les échanges tournent autour de cette fête religieuse plus que coûteuse. Chaussures, habits et surtout bélier restent le casse-tête des pères de famille. « Je préfère attendre la veille, au soir, pour tranquillement me diriger vers le foirail et tenter de me trouver un mouton à 100 000 francs », lance M. Diouf, enseignant. Un prix qui ne permet certainement pas de mettre la main sur un mouton de qualité. C’est du moins l’avis d’Abdou Rahime Mbaye, qui a marchandé un mouton moyen pour lequel le vendeur réclame pas moins de 130 000 francs.
Baisse espérée des prix des moutons
« Je trouve les prix des moutons relativement chers », martèle le jeune père de famille à qui il faut un bélier moyen pouvant lui assurer une bonne fête de Tabaski avec sa femme et son enfant d’à peine 1 an et demi. Mais auparavant, il lui faut trouver un congélateur pour pouvoir conserver le restant de viande. Pour cela, il lui faut casquer au moins 150 000 francs pour entrer en possession de cet appareil électroménager. Pour l’heure, le bélier, surtout le prix, pose problème, en tout cas pour nombre de pères de famille.
« Je lui ai proposé 300 000 francs pour les deux moutons, car il m’en faut deux. Mais il a catégoriquement refusé. Certainement qu’il espère les vendre à 350 000 francs. Personnellement, je ne suis pas prêt à mettre ce prix », lance ce père de famille, la soixantaine, qui veut un bélier pour chacune de ses deux épouses. Il misait beaucoup sur la baisse des prix des moutons annoncés par les nouvelles autorités. Laquelle baisse ne semble toujours pas effective. Et pour l’heure, ils sont nombreux les pères de famille dans la tourmente à moins de 72 heures de la fête.