Après avoir demandé à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) de suspendre le Sénégal, le parti de l’ancien président Abdoulaye Wade suggère aux Sénégalais de boycotter l’adresse à la nation de l’actuel chef d’Etat Macky Sall. Cela, à la veille de la fête de l’indépendance.
(De notre correspondant Dakar)
Le président Macky Sall a prêté serment le 2 avril 2012. Un an après son investiture à la tête du Sénégal, la Fédération nationale des cadres libéraux a dressé un bilan mitigé du chef d’Etat sénégalais. Ce mercredi soir, le successeur d’Abdoulaye Wade doit s’adresser à la nation pour la deuxième fois, en tant que président de la République. Le coordinateur de la Fédération nationale des cadres libéraux, Abdou Aziz Diop a invité les citoyens sénégalais à boycotter ce discours, qui sera retransmis à la télévision nationale, « parce que tout simplement, depuis qu’il est là, rien ne bouge dans ce pays. Les Sénégalais ne mangent plus à leur fin. En plus, toutes les promesses n’ont pas été réalisées. Ce soir, le président va encore tenter de leurrer ces honnêtes citoyens qui lui ont tout donné. Nous dénonçons cette façon de faire la politique ».
Macky Sall sur la sellette
La semaine dernière, les anciens ministres d’Etat : Karim Wade, Madické Niang, Samuel Sarr, Oumar Sarr et leur avocat Me Amadou Sall ont été, à nouveau, chassés de l’aéroport Léopold Sedar Senghor de Dakar par les autorités, au moment où ils s’apprêtaient à s’installer dans le salon d’honneur, afin de prendre le vol Dakar-Abidjan. Selon Abdou Aziz Diop, le président Macky Sall remet en cause la liberté :
« Lorsqu’on interdit aux anciens ministres de la République l’accès au salon d’honneur d’un aéroport, c’est grave et dégradant, pour un régime qui se dit démocrate. Alors que, pendant les douze ans de la présidence d’Abdoulaye Wade, on leur a ouvert les portes de ce salon , bien qu’ils étaient très virulents contre l’ancien président et son régime ».
Cette interdiction de sortie, bien qu’étant une décision du procureur de la Cour spéciale de répression d’enrichissement illicite, est taxée inappropriée par les cadres libéraux qui se rangent derrière la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). « Tout le monde sait que cette cour est illégale et les mesures d’interdiction sont aussi anormales. La Cedeao avait pourtant demandé à l’Etat du Sénégal de revenir sur cette mesure d’interdiction de voyage des anciens dignitaires, mais le président s’entête. Macky Sall doit se méfier des ministres de la justice Aminata Touré et Abdou Latif Coulibaly, et se soucier de la bonne gouvernance. Ils sont en train de pousser le président de la République à prendre des décisions impopulaires », a déclaré le coordinateur de la Fédération nationale des cadres libéraux.
La semaine dernière, les libéraux, dans un communiqué, avaient demandé la suspension du Sénégal de la Cedeao, pour avoir, selon eux, piétiné la décision de cette instance africaine.