Sénégal : le mandataire d’Ousmane Sonko à nouveau empêché de retirer les fiches de parrainage


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L'opposant sénégalais Ousmane Sonko
Ousmane Sonko, opposant sénégalais

Le député Ayib Daffé, mandataire de l’opposant Oumane Sonko, a encore tenté de retirer les fiches de parrainage pour son leader, en vain. Malgré les injonctions de la CENA.

Cela fait exactement deux semaines que Ayib Daffé, mandaté par Ousmane Sonko, s’est rendu à la Direction générale des élections (DGE) pour retirer les fiches de parrainage pour l’opposant. Le député fondait sa démarche sur la décision rendue, le 12 octobre, par le tribunal de grande instance de Ziguinchor, selon laquelle la radiation d’Ousmane Sonko des listes électorales était illégale et qu’il fallait l’y réintégrer. Mais sur place, Ayib Daffé et l’huissier de justice qui l’accompagnait avaient été empêchés d’accéder même aux locaux de la Direction. Le député, qui n’a pas caché son indignation, avait également promis de revenir à la DGE jusqu’à satisfaction de sa requête. C’est ce qu’il a effectivement fait, ce jeudi, en se rendant, une nouvelle fois, à la DGE.

Cette fois-ci, Ayib Daffé et ses accompagnateurs ont pu entrer dans les locaux et ont même été reçus par le Directeur des opérations. Mais une fois de plus, les documents demandés leur ont été encore refusés. « On a quand même noté un petit changement parce qu’on nous a accueillis, avec le directeur des opérations électorales », a confié Ayib Daffé à la presse. Avant de s’indigner : « Mais la réponse est insuffisante. La DGE est en train de poser des actes très graves de rébellion. C’est puni par le Code pénal. Nous avons saisi la CENA pour qu’elle fasse prévaloir son droit de substitution. On a également demandé à la CENA de saisir la Cour suprême ».

La DGE s’aligne sous le ministère de l’Intérieur contre la CENA

Pour se rendre à la DGE, ce jeudi, le mandataire d’Ousmane Sonko s’est appuyé sur une décision de la Commission électorale nationale autonome (CENA) qui a récemment ordonné le rétablissement de l’opposant dans ses droits. En effet, la CENA a intimé à la DGE l’ordre de réintégrer Ousmane Sonko sur les listes électorales et de lui délivrer tous les documents auxquels son statut de candidat à la Présidentielle lui donne droit. Seulement, la DGE explique ne pas avoir de compétence pour mener une quelconque action sur le fichier électoral. Le nom d’Ousmane Sonko ne figure pas sur les listes électorales, suite à une radiation. Procédure qui empêche le leader de la formation dissoute, Pastef, de se présenter à la Présidentielle de 2024. La Direction des élections s’appuie sur la condamnation d’Ousmane Sonko pour justifier cette radiation.

La DGE s’aligne donc sur la position du ministère de l’Intérieur qui refuse obstinément de mettre à la disposition de l’opposant les fiches de parrainage. Cette cacophonie entre les institutions impliquées dans la chaîne électorale semble apporter de l’eau au moulin des tenants de la thèse de l’acharnement contre la personne d’Ousmane Sonko. En attendant le verdict de la Cour de justice de la CEDEAO et de la réaction qu’il va susciter chez les autorités sénégalaises, ces dernières continuent de faire la pluie et le beau temps.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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