Le Sénégal est une nouvelle fois frappé de plein fouet par la tragédie de l’émigration clandestine. Le naufrage d’une pirogue au large de Mbour a coûté la vie à au moins 26 personnes. Le capitaine, principal organisateur de ce voyage de la mort, a été interpellé, mais les questions demeurent sur les raisons qui poussent tant de jeunes à risquer leur vie en mer.
Mbour, un petit port de pêche paisible au Sénégal, est aujourd’hui en deuil. Les habitants sont sous le choc. « Je connais beaucoup de ceux qui sont partis », confie un pêcheur. « Ils rêvaient tous d’une vie meilleure, mais ils ont trouvé la mort ». Ce sentiment de désespoir est partagé par de nombreuses familles qui attendent toujours des nouvelles de leurs proches.
26 personnes mortes dans le chavirement de
Les familles endeuillées pleurent leurs disparus. Chaque visage, chaque histoire, rappelle l’immense souffrance engendrée par ces traversées clandestines. Au moins 26 personnes sont mortes dans le chavirement de cette pirogue en partance pour les Îles Canaries. Le naufrage a eu lieu dimanche après-midi, au large de la ville de Mbour (80 kilomètres au sud de Dakar).
Selon certaines informations, la pirogue transportait plus de 150 passagers. Seules 24 personnes ont pu être sauvées, les recherches des naufragés se poursuivent. Cheikh Sall, propriétaire et capitaine de la pirogue, qui n’est autres que l’organisateur du voyage clandestin a été arrêté. L’homme se serait même rendu de lui-même à la police, ce 9 septembre, confient les autorités locales.
Les Iles Canaries moyennant 300 à 400 mille francs
Le quinquagénaire, pêcheur de profession, a été interrogé par la division nationale de lutte contre le trafic des migrants à Saly. Il ressort qu’il se trouvait à bord de la pirogue au moment du naufrage. Mais a réussi à regagner la rive à la nage. Il a avoué avoir embarqué 88 passagers moyennant des sommes comprises entre 300 et 400 000 francs.
Selon certaines indiscrétions, l’homme est un habitué de la route menant aux Iles Canaries où il aura déjà convoyé nombre de migrants. Ce naufrage est loin d’être un cas isolé. Le Sénégal, comme de nombreux pays d’Afrique, est confronté à un véritable exode de jeunes en quête d’une vie meilleure. Pauvreté, chômage, insécurité… Les raisons qui poussent les jeunes à prendre la mer sont multiples.
Promesse d’une vie meilleure en Europe
La promesse d’une vie meilleure en Europe est un mirage qui attire de plus en plus de personnes. Les passeurs, comme le capitaine arrêté, exploitent la détresse de ces jeunes pour faire fortune. Ils sont les véritables responsables de ces drames. Ce naufrage interpelle à tous les niveaux : en Afrique, pour créer des emplois et des perspectives d’avenir, et en Europe, pour mettre en place des politiques migratoires plus solidaires.
En effet, regagner l’Europe, ne serait-ce pour des études, relève du parcours du combattant. C’est le témoignage fait par cette mère, qui ne sait pas à quel saint se vouer, après avoir effectué toutes les formalités pour que son fils poursuive son enseignement en France. « Mon fils est pourtant passé par Campus France où il a été bien orienté. Après avoir effectué toutes les formalités requises et dépensé assez d’argent, voilà que le vis lui est refusé », relève-t-elle. « On n’y comprend plus rien. Et dire que l’Europe encourage la migration légale », déplore-t-elle.