À l’initiative du Président Macky Sall, un dialogue national s’ouvre, ce mercredi, au Sénégal. Pour discuter de quoi ? Les organisateurs n’ont pas suffisamment clarifié les sujets qui seront débattus. Alors même qu’il y a une série de questions sources de tensions dans le pays. Et que toute l’opposition n’y participe pas.
Initialement prévu pour débuter mardi, c’est plutôt ce mercredi que va s’ouvrir, à partir de 16h, à la salle des banquets de la Présidence sénégalaise, le dialogue national voulu par Macky Sall. Il devra durer une quinzaine de jours.
Un dialogue pour faire retomber la tension ?
Le Sénégal est sous tension depuis plusieurs mois. Et une idée de dialogue national devrait normalement être la bienvenue. Pour le simple fait que les principaux protagonistes devraient avoir l’occasion de discuter autour d’une table pour aplanir leurs difficultés. Cela se dégage clairement des objectifs que les autorités sénégalaises assignent au dialogue. Puisque les assises devraient réunir, à en croire le gouvernement, des « représentants des acteurs politiques, économiques, sociaux, culturels, des chefs religieux et coutumiers, des jeunes et des femmes, afin d’échanger et de bâtir des consensus sur des questions majeures relatives à la vie nationale et à l’avenir du pays ».
Et les sujets brûlants qui devraient pouvoir être abordés ne manquent pas. En tête de liste, la question du troisième mandat qui polarise toutes les attentions. Tout comme la situation de la plupart des opposants qui sont frappés d’inéligibilité ou menacés de l’être (c’est le cas d’Ousmane Sonko). Il y a également la demande par l’opposition de suppression du système de parrainage en vigueur depuis 2019 et qui a empêché plusieurs candidats de participer aux dernières législatives. Mais la nature des participants à ce dialogue font douter légitimement de sa capacité à régler les problèmes actuels qui divisent les Sénégalais.
Un dialogue boycotté par la majorité des formations politiques de l’opposition
Le doute tient au fait que seule une partie de l’opposition a annoncé sa présence à ces assises. Il y a le parti Taxawu Sénégal de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, sous le coup d’une condamnation et qui pour l’instant, demeure inéligible en dépit de sa candidature déclarée à la Présidentielle de février 2024. Le PDS de Karim Wade, fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, également inéligible pour 2024 a aussi annoncé sa participation. Mais celui qui endosse depuis plusieurs mois le manteau de principal opposant, le leader du Pastef, Ousmane Sonko, ne sera pas de la partie. Pas plus que l’ancienne Première ministre, Aminata Touré, ou encore Déthié Fall. Pour cette frange importante de l’opposition, le dialogue voulu par Macky Sall est un « deal » auquel elle ne souhaite pas avoir part.
L’opposition organise un contre-dialogue
La frange de l’opposition qui a choisi de boycotter le dialogue voulu par Macky Sall a décidé d’organiser ce qu’elle appelle le « dialogue du peuple » à partir de ce mercredi également. L’initiative prise par la nouvelle coalition des forces vives de la nation (F24) rencontre l’assentiment du reste des opposants. C’est à ces assises que le groupe d’Ousmane Sonko, Aminata Touré et autres Déthié Fall ont convié l’ensemble des Sénégalais. Occasion pour eux de discuter entre autres des questions du troisième mandat et de la séparation des pouvoirs.