Plus d’un millier de personnes a marché hier à travers les rues de Dakar pour demander la libération sans condition de Karim Wade, sous les verrous depuis une semaine.
(De notre correspondant à Dakar)
Des partisans du président Abdoulaye Wade et les petites formations politiques membres de la défunte « Cap 21 » ont défilé mardi pour dénoncer la traque des biens mal acquis qui vise d’anciens dignitaires du régime Wade, dont Karim Wade principale cible. Les supporters de l’ancien ministre d’Etat ont donc marché de la place de l’Obélisque à la Poste de Médina, arborant brassards rouges et exhibant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire une mêlée de slogans : « Halte aux multiples dérives du pouvoir en place, halte aux hausses des prix des denrées de 1ière (première, ndlr) nécessité, non à la remise en cause des acquis des travailleurs et des étudiants, non à l’immobilisme de l’Etat face aux risques d’inondations, oui au respect des promesses électorales, libération des otages politiques dont Karim Wade ».
A la fin de la randonnée revendicative, la sonorisation a vicier la délivrance du message du coordonnateur provisoire du Pds qui invite à la vigilance et à la poursuite de la résistance jusqu’au départ du régime actuel.
Les menaces d’Ousmane Ngom
L’ex-ministre de l’Intérieur sous Wade, également, dans le viseur de la cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), n’a pas manqué de lancer des flèches au régime du président Macky Sall qu’il a qualifié de tous les noms d’oiseaux, comme d’habitude. « Nous n’acceptons pas de subir stoïquement des supplices chinois qu’a inventés le régime en place, pour nous amener à concentrer tous nos efforts et toutes nos énergies vers cette fausse affaire de traque des biens mal acquis. On ne nous divertira pas, nous maintiendrons le cap pour reconquérir le pouvoir », a-t-il lancé à ses militants. D’autres responsables, comme Aida Diongue, dont le dossier a atterri, depuis quelques jours, entre les mains du procureur Alioune Ndao, ont qualifié ce régime de « fasciste et revanchard ». Ils ont réclamé la libération sans condition de tous les libéraux sous les coups de la traque des biens mal acquis, à la tête desquels, Karim Wade, écroué depuis la semaine dernière, à Rebeuss.
Le coup de fil de l’ex-président Abdoulaye Wade
Le fait marquant de cette marche est, sans doute, le coup de fil de l’ex-président de la république Abdoulaye Wade qui, depuis Versailles (France), a voulu se faire entendre, pour dénoncer l’emprisonnement de son fils. Mais, étant donné les couacs de la sono, il s’est confié à Madické Niang qui a relayé son message aux militants de continuer le combat. Ousmane Ngom qui a eu aussi Abdoulaye Wade au téléphone, alors qu’il arpentait le rond point de la Médina, a retransmis ses propos : « quels que soient les harcèlements, les agressions et l’acharnement du pouvoir en place, il faut maintenir le cap, c’est la reconquête du pouvoir, en 2017 », a dit le pape du Sopi. Les libéraux ont promis d’autres actions sur le terrain, pour amener le régime du président Macky Sall à la table des négociations.
Les libéraux non partant à cette marche
La marche convoquée par le bureau national du Pds s’est faite sans les partisans de Modibo Diop, en prison depuis plus de 2 ans. Les proches de l’ancien directeur de l’agence de l’électrification rurale (ASER) ont décliné l’invitation de la direction nationale et dénoncent une démarche sélective. Une invitation que les proches de Modibo Diop ont tout bonnement déchirée, avant de monter au créneau pour mettre les pendules à l’heure.
Moussa Diaw, dans la presse, n’a pas magnifié le geste des libéraux. « Quand on m’a appelé au téléphone pour m’inviter à la marche, j’ai eu mal au cœur, parce que depuis 2 ans que Modibo Diop est en prison, personne d’entre eux n’a pensé à aller lui rendre visite. Même Karim Wade dont ils réclament la libération, n’a jamais eu ce réflexe, alors même qu’il était venu rendre visite à un grand marabout, incarcéré au pavillon spécial », a fait savoir Moussa Diaw.
Dénonçant ce traitement réservé à leur mentor par sa propre formation politique, il se demande comment un responsable de la trempe de Modibo Diop qui a été de tous les combats libéraux, puisse être traité de cette manière. « Aujourd’hui, qu’ils combattent pour la libération de Karim Wade, ils veulent compter sur nous, nous disons non à cette discrimination. Et ce n’est ni élégant ni juste de la part des frères d’un même parti politique », a déclaré M. Diaw.