La « caravane de la liberté » d’Ousmane Sonko, qui a pris départ à Ziguinchor vendredi dernier, se poursuit vers Dakar. Mais non sans heurts avec la police. On dénombre déjà une perte en vie humaine dans ce test de popularité de l’opposant.
On savait que les affrontements entre les partisans de Sonko, qui forment un long cortège autour de lui, et les forces de l’ordre ne manqueraient pas. Et à l’arrivée, il n’en a pas été autrement. Les échauffourées entre les marcheurs et les éléments de la police ont jalonné le parcours, notamment à Kolda, dans la journée du vendredi. Le blocage des routes par les forces de l’ordre a rendu inévitables les affrontements entre marcheurs et policiers. À l’usage de gaz lacrymogènes par les policiers, les partisans d’Ousmane Sonko ont répliqué par des jets de pierres.
Un homme tué à Kolda
Les violences ont causé la mort d’un jeune homme de 37 ans. Selon un communiqué publié par le procureur de République à Kolda, le décès du jeune homme serait dû à une blessure par arme à feu à l’abdomen. Ce qui laisse supposer qu’il y a eu des tirs à balles réelles. Pour l’instant, l’origine des tirs n’est pas encore déterminée. L’enquête ouverte à ce sujet et qui sera appuyée par l’autopsie du corps et une expertise balistique permettra certainement de situer les responsabilités dans ce drame qui en rajoute aux nombreux morts déjà recensés dans les différents affrontements entre les partisans d’Ousmane Sonko et les forces de l’ordre, depuis le début des ennuis judiciaires de l’opposant.
Véritable test de popularité pour l’opposant
Ce voyage d’Ousmane Sonko de Ziguinchor à Dakar est un véritable test de popularité pour le principal opposant de Macky Sall. D’abord, il est accompagné dans ce périple par un long cortège de sympathisants. Ensuite, dans chaque localité traversée, le convoi reçoit un accueil chaleureux marqué par une grande ferveur populaire. Des foules se pressent le long des routes pour saluer l’opposant et sa suite dans des tonnerres d’applaudissements. Une bonne partie de la population sénégalaise semble donc acquise à la cause de l’homme, sérieux prétendant à la magistrature suprême.
Mais le problème, c’est que le procès pour viols en cours contre lui hypothèque sérieusement son éligibilité. Le procureur a, en effet, requis dix ans de prison contre lui. S’il est condamné, Ousmane Sonko peut dire adieu à ses rêves de diriger le Sénégal, à partir de 2024. Et ça, l’opposant n’est pas prêt à l’accepter et se dit disposé pour le « combat final » contre Macky Sall. Combat pour lequel il a entamé, depuis vendredi, sa « marche sur Dakar ». Depuis le début de l’affaire, en 2021, l’opposant dénonce des manœuvres politiques pour l’écarter de la course à la Présidence.
De son côté, le gouvernement voit dans la marche du leader du Pastef sur Dakar à la tête d’un convoi, une stratégie pour se faire arrêter « pour des questions politiques, des questions de troubles à l’ordre public » et non pour une condamnation pour viols qui serait humiliante pour lui. Malgré ces propos, le porte-parole du gouvernement soutient que l’ordre public sera maintenu « quoi qu’il en coûte ».