La mairie de Thiès Ouest a initié une opération d’enrôlement des enfants à l’état-civil. Les parents qui n’avaient pas déclaré leurs enfants à temps ont donc pris d’assaut les lieux pour se procurer un acte de naissance en bonne et due forme. Hier mardi était la date de retrait du sésame qu’attendaient plus de mille enfants et autres adolescents accompagnés d’un de leurs parents. Seulement, l’opération a viré au fiasco.
Mardi 4 juin 2024, il est 8h30. Les abords de la mairie de Thiès Ouest sont noirs de monde. Une foule immense a, très tôt, pris d’assaut les lieux. Ils avaient rendez-vous pour venir retirer l’acte de naissance après s’être au préalable acquitté de la somme de cinq mille francs pour chaque document. Ce mardi matin, les lieux sont bondés de monde. Mille enfants accompagnés, chacun, d’un parent, cela fait au moins deux mille personnes sur les lieux. Tel un marché !
Intervention d’agents véreux
D’ailleurs, les environs ont été transformés en marché puisque plusieurs commerces de fortune y ont été installés. Des vendeurs de sandwichs, beignets, thé, café, biscuits, éventail pour se prémunir se la chaleur… Tout y est. L’occasion est bonne pour faire des affaires. Et les vendeurs ne sont pas les seuls à vouloir se frotter les mains. D’ailleurs, c’est un nouveau commerce qui a vu le jour à la mairie qui va compromettre la délivrance des actes d’état-civil aux requérants.
Tout se passait normalement, quoique désorganisé, jusqu’à ce qu’interviennent des agents véreux. Conscients de la fatigue qui avait fini de gagner parents comme enfants, qui avaient passé la journée devant la mairie pour entrer en possession de leur document administratif, ces personnels n’ont pas trouvé mieux que de monnayer leurs services pour soi-disant aider certains. Le pot aux roses découvert, c’est la pagaille puisque la foule, noire de colère, a pris d’assaut les locaux pour crier au scandale.
Un véritable problème d’organisation
Après un moment de vive polémique, tout est rentré dans l’ordre. La délivrance pouvait se poursuivre. Seulement, aux alentours de minuit trente, le collège chargé de délivrer les actes d’état-civil décide d’interrompre ses activités. Sur les mille requérants, plus de 900 avaient déjà reçu leur document, le reste devra patienter. Jusqu’à quand ? Aucune précision n’a été donnée. Pourtant, il a été indiqué que la délivrance de tous les actes devait se faire ce mardi et qu’aucune dérogation n’allait être accordée.
La colère était générale, surtout que la centaine de personnes, toutes accompagnées, venait de passer plus de 12 tours horloge à se tourner les pouces sans recevoir leur document administratif. Certains venant de régions lointaines du Sénégal. Un véritable problème d’organisation, estime Yacine M. enseignante. « Ils avaient conscience qu’ils allaient délivrer des actes à plus de 1 000 personnes. Pourquoi Bon Dieu, convoquer tout le monde à la même heure, à 08 heures ? L’idéal était de procéder à la délivrance sur deux jours », indique l’institutrice très dépitée.
« Éviter ce rassemblement d’envergure »
Dépitée car, si elles au fait du calvaire vécu par les requérants, c’est parce qu’elle a un neveu concerné par cette opération d’enregistrement. D’ailleurs c’est elle qui a tout coordonné jusqu’au retrait, opération qu’elle a laissée à la maman du jeune Cheikh, aujourd’hui adolescent. « Il y a manquement à plusieurs niveaux. D’abord, ils auraient pu convoquer 250 personnes le matin et autant l’après-midi. Et reproduire la même formule le lendemain. A défaut, s’ils insistent pour tout délivrer le même jour, convoquer un nombre précis à des heures bien précises afin d’éviter ce rassemblement d’envergure », dénonce la trentenaire.
Rappelons que l’État du Sénégal a initié, en 2021 un programme national de numérisation de l’état civil. Financé à hauteur de 18 milliards FCFA, l’objectif est de mettre en place un système d’information et un registre national de l’état civil. Le projet compte numériser 15 millions d’actes d’état civil afin de permettre à tout citoyen de disposer de son extrait de naissance partout au Sénégal. Le programme devrait juguler les pertes énormes de temps des citoyens dans les services d’état civil.