La Vérificatrice générale a fait sa reddition des comptes devant le président de la République. Une manière pour Nafy Ngom Keïta de présenter le travail effectué par l’Inspection générale d’Etat, de janvier 2008 à janvier 2013. Son rapport fait état de la mal-gouvernance sous le régime libéral.
Presque tous les secteurs ont été visités par l’inspectrice générale Nafi Ngom Keita, avec plus de 3 800 rapports. Il concerne plus de 14 ministres, des agences, des établissements publics et privés, le suivi-gestion du patrimoine immobilier à l’étranger, et le contrôle des véhicules et logements administratifs. Les cas les plus significatifs sont les suivants :
Des milliards décaissés pour une destination inconnue
Sous le régime libéral, le nombre d’agences sous la tutelle de l’Etat avait connu une hausse vertigineuse et leur gestion souvent entachée d’irrégularité. L’inspection générale de l’Etat avait salué la mesure du président de la République de supprimer certaines agences qui n’avaient pas leur raison d’être. Parmi ces agences «inutiles», le rapport rendu public, hier, n’a pas donné le nom du ministre du Tourisme sous la présidence d’Abdoulaye Wade, qui s‘est permis de créer une agence chargée de la promotion « du tourisme religieux ». Elle s’est juste limitée à préciser que des milliards ont été bazardés dans cette agence, sans atteindre l’objectif final. Aussi, l’IGE a-t-elle invité l’assistance à se demander s’il est normal qu’un ministre tire des fonds publics, pour, dit-il, faire la promotion du tourisme religieux.
La grande bamboula des hommes de Wade
Ce qui se passait au Commissariat général au pèlerinage à La Mecque était tout sauf … catholique. En effet, l’audit dévoile de graves manquements dans la planification et la programmation des activités. Pour ne pas dire que cette structure a été gérée par des mains inexpertes. Ce qui a entraîné des dysfonctionnements dans la gérance des fonds mis à la disposition de cette organisation. L’audit révèle que le Commissariat général avait un impressionnant parc automobile et ses membres, des privilèges extraordinaires, au point que d’aucuns les confondaient avec des diplomates. Avant le départ de l’ex-Président Abdoulaye Wade, près d’une dizaine de ses proches ont été nommés à la tête de ce comité.
Idrissa Seck cité dans une malversation
Alors qu’il était Premier ministre, Idrissa Seck a consenti des montants en faveur du coordonnateur de la revue officielle de l’organisation de la conférence islamique (Oci) qui s’était engagé à réaliser six (6) insertions dans la revue officielle du Comiac (Committee for Information and Cultural Affairs) pour respectivement 14,4 millions FCFA et 7,2 millions FCFA, soit un total de 21,6 millions FCFA. Mais les prestations n’ont jamais été réalisées. Idrissa Seck, y est nommément cité.« il avait demandé à Matar Seck d’apporter son concours à l’organisation de la conférence islamique et à recevoir en audience le directeur général de Afrique Média ou son mandataire à cet effet », notent les services de Nafy Ngom Keïta. C’est pourquoi, les vérificateurs recommandent le dépôt d’une plainte pour abus de confiance contre « Afrique Média. »
138 millions pour retaper le bureau de Wade
Dans le rapport publié, il est mentionné que l’ancien chef de l’Etat avait ordonné le décaissement de plus de 138 milliards de nos francs pour retaper ses bureaux. Toujours sous le magistère de Wade, 21 millions FCFA ont été virés par le trésor sous les ordres de la Présidence pour rétablir le système du rayon X. Le rapport accuse l’ex-Président Wade d’avoir pris dans les comptes de l’agence de régulation des postes et télécommunications plus de 200 millions FCFA sans justification. Les nouvelles autorités sont invitées à poursuivre cette affaire.
24 milliards FCFA de Dp World au trésor
L’affaire du Dp World qui a suscité beaucoup de polémique, ces derniers mois au Sénégal, a été évoquée hier. La recommandation issue du rapport de l’IGE en octobre 2012 sur une enquête relative aux conditions de concession du terminal à conteneur du Port Autonome de Dakar à DP world a donné une valeur de 24 milliards FCFA, effectivement encaissés par le trésor public. Au total, la valeur ajoutée monétaire issue des travaux de l’IGE dans ces rapports présentés se chiffre à plus de 64 milliards FCFA. Cela signifie que pour chaque franc CFA dépensé par l’IGE dans ses interventions, un ratio de retour d’investissement de 8,99 a été rendu possible au profit du trésor public.