
Deux anciens ministres du régime de Macky Sall sont visés par une procédure de la Haute Cour de justice pour leur gestion controversée du fonds Covid-19. Une affaire qui cristallise les enjeux de transparence et de reddition des comptes dans un pays engagé dans un tournant démocratique.
Au Sénégal, le vent du changement emporte avec lui les relents du passé. Deux anciens ministres du régime de Macky Sall, aujourd’hui dans le collimateur de la Haute Cour de justice, pourraient bientôt répondre de lourdes accusations liées à la gestion controversée du fonds covid-19. Alors que les institutions sénégalaises semblent enclencher une dynamique de reddition des comptes, cette affaire, à la fois politique et judiciaire, pourrait redéfinir les lignes de la responsabilité gouvernementale dans le pays.
Une procédure en marche : cap sur la Haute Cour de justice
C’est lors d’une conférence de presse que le procureur général près la Cour d’appel de Dakar a annoncé la transmission à l’Assemblée nationale des dossiers de cinq anciens ministres. Si leurs noms n’ont pas été révélés officiellement, le quotidien L’Observateur a confirmé que Moustapha Diop, ancien ministre du Développement industriel, et Mansour Faye, ex-ministre du Développement communautaire, sont les premiers visés. Tous deux pourraient bientôt faire face à la justice pour des faits présumés de détournement de fonds publics, dans le cadre de la gestion du fonds Covid-19.
Selon les informations relayées par la presse sénégalaise, les deux anciens responsables devront s’expliquer sur plusieurs irrégularités financières. Au cœur des accusations : des marchés publics fictifs, des prestations non réalisées mais néanmoins payées, et des décaissements jugés anormaux. Autant d’éléments qui, s’ils sont confirmés par l’enquête, pourraient conduire à des poursuites inédites devant la Haute Cour de justice, juridiction spécialement compétente pour juger les ministres en exercice ou anciens ministres pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Réactions et défense : la politique en toile de fond
Avant même que son nom ne soit officiellement mentionné, Mansour Faye est monté au créneau. L’ancien ministre, par ailleurs beau-frère de l’ex-Président Macky Sall, a dénoncé une « démarche politique » visant à ternir son image, tout en niant toute implication dans des actes frauduleux. Cette ligne de défense, teintée de sous-entendus politiques, laisse présager un affrontement médiatico-judiciaire complexe, où se mêleront enjeux de transparence, règlements de comptes et quête de légitimité.
Pour de nombreux observateurs, cette affaire marque une rupture dans la gestion des affaires publiques au Sénégal. La volonté affichée des autorités de faire la lumière sur l’utilisation des ressources publiques, en particulier celles allouées dans un contexte de crise sanitaire mondiale, s’inscrit dans un élan de moralisation de la vie politique. Reste à savoir si les procédures iront jusqu’à leur terme et si d’autres figures de l’ancien régime pourraient être inquiétées dans un avenir proche.