Sénégal, l’ancien Premier ministre Amadou Ba revient sur la scène politique


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Amadou Ba, ancien Premier ministre du Sénégal
Amadou Ba, ancien Premier ministre du Sénégal

Trois mois après la tenue de la Présidentielle qui s’est soldée par la victoire de son challenger, l’ancien Premier ministre du Sénégal, Amadou Ba, refait surface sur la scène politique. Dans un post récent sur les réseaux sociaux, celui qui fut le dauphin de Macky Sall veut se positionner comme le leader de l’opposition.

On l’a très peu entendu depuis sa défaite à la Présidentielle du 24 mars 2024 face au candidat de l’opposition, Bassirou Diomaye Faye. Amadou Ba s’était, en effet, fait très silencieux se contentant de quelques sorties sporadiques. On se souvient encore de ses mots au sujet du pétrole désormais exploité dans son pays. L’ancien Premier ministre a rappelé qu’il faut « attendre au moins quatre ou cinq ans après le début de l’exploitation pour commencer à observer les effets concrets du pétrole et du gaz sur [le] pays ». Il avait, par conséquent, invité les dirigeants actuels à éviter de « tenir des discours illusionnistes » et à « rester patients ».

Un nouveau positionnement

Cette fois-ci, Amadou Ba a fait une nouvelle sortie pour annoncer sa « nouvelle responsabilité », tirant les leçons de la dernière élection présidentielle dans le pays et même des événements qui l’ont précédée. « La dernière élection présidentielle est une preuve multipliée de cette capacité politique de notre peuple à veiller sur les équilibres et à tracer des lignes rouges, dont les institutions de la République demeurent les garants de leur inviolabilité », a-t-il écrit. Avant de poursuivre : « À la lumière des événements douloureux de mars 2021 et de juin 2023, mais instruits également par les leçons de la dernière élection présidentielle, notre nouvelle responsabilité est de déclarer la péremption de la violence dans le règlement des différends politiques ».

Le dauphin de Macky Sall estime dorénavant qu’au Sénégal les violences découlant des rivalités politiques et qui ont ensanglanté le pays pendant plusieurs mois doivent désormais s’inscrire dans un passé définitivement révolu. « Désormais, la concertation et le dialogue doivent être considérés comme les premiers principes et les règles d’une gestion prévisionnelle des conflits », insiste l’ancien Premier ministre.

Leader de l’opposition et chantre de la Démocratie

Continuant dans sa logique, le candidat malheureux à la Présidentielle veut désormais que l’espace politique soit « un lieu apaisé, un cadre de confrontations d’idées, de définition de stratégies, de projets et de programmes dans l’unique but de construire une société équilibrée ». Des idées qu’il entend défendre dans sa nouvelle posture d’opposant qu’il assume d’ailleurs déjà. Puisqu’il le dit clairement : « Notre nouvelle responsabilité est d’incarner une opposition démocratique et républicaine. Une opposition adossée à la fois dans sa conduite et dans son action à une éthique politique soucieuse en priorité de la vie de chaque Sénégalaise et de chaque Sénégalais ».

Dans cette nouvelle posture, Amadou Ba prône un Sénégal « debout » dans lequel « la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, l’eau et l’électricité, l’emploi, le logement et le cadre de vie, la sécurité, la mobilité, la culture, la communication, l’environnement ne [seront] plus un luxe, mais des standards minimaux adossés aux droits imprescriptibles de chaque citoyen ». Il parle d’un Sénégal ancré dans les valeurs démocratiques où tous les citoyens sont égaux devant la loi et bénéficient de toutes les libertés. « Nous défendons la démocratie, ses principes et ses valeurs. Dans le respect des institutions. La démocratie est le régime des saines compétitions, mettant en scène des idées et des projets dont le seul arbitre est le peuple souverain », martèle-t-il. Tout en insistant sur la paix, la stabilité et la sécurité des citoyens et du pays comme bases du développement et du bien-être des populations.

Vers une rupture avec l’APR ?

À ce nouveau combat qu’il veut mener, Amadou Ba compte associer non seulement les Sénégalais de l’intérieur, mais également ceux de la diaspora, « tous [ses] amis et tous les cadres de [son] pays ». Et il annonce la construction « dans les toutes prochaines semaines », d’« un nouveau cadre résolument porteur d’une nouvelle orientation et d’une nouvelle dynamique politiques ».

Qu’entend réellement Amadou Ba par cette dernière annonce ? Compte-t-il rompre les liens avec l’Alliance pour la République (APR), le parti de Macky Sall auquel il a jusque-là appartenu ? L’hypothèse semble bien plausible. Surtout que dès sa désignation comme candidat à la succession de Macky Sall, une fronde s’était levée au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar à laquelle appartient l’APR. Cette opposition à sa candidature au sein de sa propre famille politique faisait déjà à cette époque d’Amadou Ba un candidat mal parti. La suite, on la connaît bien.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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