Les avocats de Karim Wade, Mes Demba Ciré Bathily, Seydou Diagne et Ciré Clédor Ly sont à Abuja depuis mercredi. Ils doivent défendre leur client incarcéré à la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss, depuis le 17 avril dernier, pour enrichissement illicite. Les avocats du fils de l’ancien Chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, réclament une indemnisation de Karim Wade à hauteur de 225 milliards FCFA (343 millions euros).
(De notre correspondant à Dakar)
La bataille d’Abuja risque d’être très âpre. En effet, d’un côté, les avocats de Karim Wade, qui avaient déposé une plainte sur la table de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), ont 20 minutes pour attaquer en annulation les procédures décrétées par l’Etat du Sénégal, notamment la traques des dignitaires de l’ancien régime, interdits de sortie. Sans occulter la nouvelle donne : l’arrestation de Karim Wade qui est sous mandat de dépôt depuis le 17 avril. De l’autre côté, les avocats de l’Etat, notamment Mes Papa Moussa Félix Sow, Khaly Niang, Simon Ndiaye ainsi que l’agent judiciaire de l’Etat, Mafall Fall, arrivés à Abuja depuis hier, auront aussi 20 minutes pour justifier les mesures prises par l’Etat du Sénégal.
Condamner l’Etat du Sénégal à payer 225 milliards FCFA…
L’on apprend dans L’Observateur que les conseils de Karim Wade ont saisi la Cour de justice de la Cedeao à travers une « Requête aux fins d’admission de moyens nouveaux, conformément à l’article 37-2 du règlement de la Cour de justice de la Cedeao, complémentaire à la requête principale ». Les avocats de Karim Wade rallongent leurs dommages et intérêts jusqu’à 225 milliards FCFA. Ils demandent à la Cour de justice de « dire et juger que la détention de Karim Wade du 15 au 17 avril 2013, à la Section recherches de la gendarmerie de Colobane est arbitraire, conformément à l’article 9-5 du Pacte international, relatif aux droits civils et politiques et condamner l’Etat du Sénégal à payer au requérant, pour le préjudice subi, la somme de 5 milliards FCFA (7,6 millions d’euros) ».
…Et 20 autres milliards FCFA pour le préjudice subi
Les conseils de Karim Wade demandent également à la Cour de « dire et de juger que le mandat de dépôt décerné contre Karim Wade, nonobstant l’Arrêt rendu le 22 février par la Cour de justice de la Cedeao et l’article 101 alinéa 2 de la Constitution du Sénégal et l’article 7 de la loi 81-54 du 10 juillet 1981, est arbitraire et allouer à Karim Wade la somme de 20 milliards FCFA (30,5 millions d’euros) pour le préjudice subi ». L’Observateur rappelle que dans la première requête, les conseils de Karim Wade avaient saisi la Cour de justice de la Cedeao pour dénoncer « une violation de la présomption d’innocence, une violation du droit à un procès équitable avec le renversement de la charge de la preuve et l’absence du droit à un recours effectif, une violation du privilège de juridiction, une violation du droit à la libre circulation des personnes et d’ordonner une levée de la mesure de l’interdiction de sortie du territoire ».
Une audience sans doute houleuse, surtout que la Cedeao serait très remontée contre l’Etat du Sénégal qui n’a pas voulu appliquer les dernières décisions rendues par la Cour de justice et relatives à la levée de l’interdiction de sortie du territoire des dignitaires du régime d’Abdoulaye Wade.