Ils sont certes nombreux les jeunes qui font le transport au Sénégal. Dans des régions comme Thiès ou Kaolack où les motos-taxis sont très présents, la moyenne d’âge pourrait varier entre 15 et 20 ans. Seulement, à Thienaba, ce sont des plus jeunes qui gèrent le secteur des transports. Afrik.com s’est rendu dans la cité religieuse.
On a souvent entendu dire qu’à l’intérieur des régions du Sénégal, de jeunes gens géraient un grand pan du secteur des transports. Seulement, personne ne pouvait s’imaginer avoir en face des gamins âgés d’une dizaine d’années, prendre en charge le destin de quelques trois à dix passagers. Et c’est pourtant le cas à Thienaba, commune située 85 km de Dakar. Notre source n’avait pas tort de nous conseiller de faire le déplacement lors de la nuit du prophète Mohamed, célébrée ce week-end un peu partout dans le monde musulman, le Sénégal n’ayant pas fait exception.
A l’occasion de la célébration du Maouloud, des transporteurs pas comme les autres ont rivalisé de talent et d’adresse. Charrette tirée par un cheval ou un âne et autre tricycle plantent le décor. Si les habitants de cette commune ne font pas trop attention à ce phénomène, les étrangers, eux, marquent un coup d’arrêt, étonnés devant un tel spectacle. Les jeunes débouchent de partout, débarquent leurs clients et en embarquent d’autres. Entre deux trajets, ils prennent le soin de nettoyer leur monture, pour ce qui est des motos, ou d’arroser un peu leur bête, histoire le rafraîchir.
Une charrette tirée par un âne comme moyen de transport en commun
Heureusement, puisqu’ici, que ce soit le vendredi ou le samedi, les températures ont franchi la barre des 35 degrés Celsius. Notre attention fut attirée par un garçon, relativement très jeune, qui manœuvrait un âne, avec une grande dextérité. Lorsque nous lui avons demandé son nom, sa réponse, où plutôt sa question, a été plutôt sèche. «Pourquoi voulez-vous connaître mon nom ?», lance-t-il, en descendant de sa monture qu’il venait de parquer non loin de la chaussée. Notre identité déclinée, le gamin refuse catégoriquement de nous parler.
Ayant suivi notre échange, un autre jeune, de la même génération, une dizaine d’années, nous interpelle. «Je veux bien répondre à vos questions, mais je ne dirai pas mon nom et vous n’allez pas non plus me prendre en photo». Conditions acceptées et le garçon pouvait se lâcher. Durant cette seule journée, il venait de boucler plus de trente voyages. «L’âne que vous voyez là appartient à mon père. Il s’en sert pour les travaux champêtres. Lorsqu’il y a des manifestations, je me charge de l’utiliser comme moyen de transport en commun», confie-t-il.
Un travail pour aider dans la dépense quotidienne
Un moyen de transport qui peut prendre entre huit et quatorze personnes, «selon leurs gabarit», précise-t-il. «Lors d’évènements de ce genre, on peut facilement se faire entre 15 et 25 000 FCFA en une journée, ce qui est non négligeable. Raison pour laquelle mon père me confie la bête qui peut aider dans la collecte de la dépense quotidienne. Les temps sont durs, raison pour laquelle on me demande de faire ce travail», poursuit l’enfant qui avoue n’avoir jamais vu la couleur des bancs d’école. «J’ai fait l’école coranique et je continue mon apprentissage», dit-il, avec un léger sourire.
Même son âge, il ne le connaît pas. Il pense avoir environ douze ans. «Je pense que j’ai douze ans et je suis déjà un grand transporteur», se glorifie-t-il. A juste raison, car il venait d’être interpellé par une famille de cinq personnes, voulant se rendre au marché de Thenaba Seck. Il n’avait plus qu’à monter sur sa charrette et convier les bonnes dames à prendre place à bord. Pour le énième trajet d’une journée qui s’annonçait déjà faste. Puisque la commune aussi célèbre à sa façon le Maouloud et accueille pas moins de 200 000 âmes.