Le porte-parole de la Présidence, Serigne Mbacké Ndiaye, accuse sans le nommer l’ancien Premier ministre Idrissa Seck d’être l’instigateur des violences qui secouent depuis plusieurs jours le Sénégal.
Quelques regrets, puis la contre-attaque. « Cette campagne électorale a connu des difficultés, des heurts, ce que nous regrettons, affirme le porte-parole de la Présidence, Serigne Mbacke Ndiaye, lors d’une conférence de presse tenue ce lundi à Dakar. Ces incidents n’ont pas leur place dans une campagne. » Depuis la validation de la candidature d’Abdoulaye Wade le 27 janvier au soir, les violences électorales ont fait au moins six morts au Sénégal. Tout le week-end, des affrontements ont opposé des jeunes aux forces de l’ordre suite à la « bavure », selon les termes employés par le ministre de l’Intérieur, de la mosquée El Hadj Malick Sy vendredi. « Je réitère mes excuses à la tarikha (communauté) tidiane, à la ouma islamique », indique Serigne Mbacké Ndiaye avant de louer le « professionnalisme extraordinaire » et le « calme olympien » des forces de l’ordre.
Le porte-parole passe ensuite à l’offensive. Il évoque une « provocation », un « coup savamment monté ». D’après lui, l’opposition aurait « délibérément choisi de manifester un vendredi », et les protestataires se seraient dirigés « volontairement » vers la mosquée. Puis, dans ce qui ressemble fort à une grossière tentative de diversion, il accuse sans le nommer un « candidat assoiffé de pouvoir » de vouloir « semer le chaos » et « faire verser le sang » pour rendre le pays ingouvernable. « Parmi les candidats, dit-il, il y en a qui ne veulent pas aller à l’élection. Ils ne sont pas prêts et veulent tout faire pour installer le chaos. L’un d’eux a recruté 200 anciens militaires à la retraite. » Ces hommes seraient « armés jusqu’aux dents » et conduits par un ancien colonel. « Nous connaissons celui qui s’occupe du recrutement, combien il paie par jour et à quel endroit il distribue l’argent, assure Serigne Mbacké Ndiaye. L’État a pris toutes les dispositions pour mettre un terme à ce désordre et neutraliser les fauteurs de troubles que nous avons formellement identifiés. »
Sans le citer, la Présidence accuse ouvertement le candidat Idrissa Seck. Samedi, des hommes cagoulés à bord d’énormes véhicules pick-up noirs sur lesquels étaient collées des affiches de campagne de l’ancien Premier ministre ont été aperçus jetant des pierres sur les policiers dans le centre-ville de Dakar. Interrogé dans l’après-midi, Idrissa Seck n’a pas souhaité réagir et qualifie les propos du porte-parole de la Présidence de « farfelus et irresponsables ». De son côté, la rue sénégalaise, après avoir entendu les accusations, aimerait bien voir les preuves.
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