L’ancien Premier ministre sénégalais, Idrissa Seck, a annoncé mardi, dans un message enregistré sur Cd et diffusé sur les ondes des radios locales, sa candidature aux élections présidentielles prévues pour 2007.
“ En ce 4ème jour du 4ème mois de l’année 2006 où la nation, à l’unisson, célèbre la fondation de notre République et s’apprête à en choisir le 4ème Président, il me plaît d’annoncer solennellement que mon choix est fait de soumettre aux suffrages de mes compatriotes un projet de redressement national porté par une équipe représentative des compétences et des vertus de notre peuple ”, a déclaré l’ex-Premier ministre sénégalais Idrissa Seck, qui était poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’État et à la défense nationale.
Idrissa Seck est également poursuivi pour actes “ graves ” de prévarication dans le cadre de l’affaire dite des chantiers de Thiès, ville dont il est le maire. Il a souligné dans son message largement diffusé que la force politique sur laquelle il compte s’appuyer pour conduire les destinées du Sénégal est d’abord le Pds (Parti démocratique sénégalais, au pouvoir), sa “ famille naturelle au sens des hommes et des femmes qui y partagent (sa) vision et (ses) valeurs et qui sont majoritaires, qu’ils soient manifestés ou cachés ”.
Appel à l’opposition patriotique
“ A cette famille viendront s’ajouter tous les mouvements de soutien de l’intérieur et de la diaspora dont le Mouvement de soutien à Idrissa Seck (Msis) que le Président de la République lui-même a perçu comme un parti politique au point de menacer de ne plus en tolérer l’existence ”, a insisté Idrissa Seck. “ Au-delà des formations politiques qui ont déjà décidé de s’associer à notre projet, j’adresse aussi, à l’opposition patriotique, un appel au rassemblement. Rassemblement de toutes les citoyennes et de tous les citoyens qui, après avoir contribué à l’alternance de mars 2000, en rejettent les souillures et les reniements et portent leur choix sur moi pour servir le Sénégal ”, a encore martelé Idrissa Seck qui parle pour la première fois de son avenir politique après ses six mois de prison passés à la prison de Rebeuss, à Dakar.
“ C’est à un peuple uni que j’entends proposer un but précis vers lequel je l’invite à marcher avec foi, foi en son destin, foi en notre avenir ”, a-t-il estimé, réfutant tout “ deal ” entre lui et le Président Abdoulaye Wade sur sa libération de prison. “ Après sept mois de détention, j’ai recouvré ma liberté sur la base de deux ordonnances rendues respectivement par la Doyenne des juges et la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice. Des rumeurs persistantes ont tenté de trouver à cette libération un fondement autre que la raison pourtant bien simple que les juges en charge des procédures n’ont rien à me reprocher ”, a déclaré Idrissa Seck.
Aucun compromis
“ Il a été dit en particulier que cette libération fait suite à des arrangements entre le président de la République et moi-même. De telles rumeurs risquant de souiller durablement l’image de notre pays, de sa démocratie et de sa justice, je me prescris le devoir de rétablir la vérité ”, a poursuivi l’ex-Premier ministre.
“ Je n’ai conclu aucun accord avec le Président de la République, ni politique, ni financier, en dépit de ses messages et en particulier sa proposition écrite du 22 décembre 2005 sous la signature de son avocat. Au regard de mes valeurs, un tel accord serait au demeurant une double abomination aux plans moral et politique : il transformerait une affaire judiciaire en une prise d’otage avec demande de rançon ”, a insisté Idrissa Seck. A son avis, un “ deal ” pour sa libération accréditerait la thèse selon laquelle la justice sénégalaise agit sous la dictée de l’Exécutif.
“ Aucune des agressions que je subis depuis deux ans et demi n’a pu m’infléchir à accepter une quelconque compromission par rapport à mes principes. Aucune autre ne le pourra ”, a-t-il dit, rappelant les nombreuses épreuves endurées dans le cadre du dossier d’atteinte à la sûreté de l’État et à la défense nationale, mais aussi de l’affaire des chantiers de Thiès. “ Je ne peux pas croire qu’une si longue liste d’agressions sur une si longue période ait eu pour unique but de me contraindre à négocier un accord politique et financier. Si tel était le dessein du président de la République, il est vain ”, a conclu Idrissa Seck.