Un document rendu public ce vendredi par la cellule de communication des Chambres africaines révèle le montant engagé pour assurer le procès de l’ancien dirigeant tchadien, Hissène Habré. Le budget s’élève à plus de 18 milliards FCFA. Les pays de l’Union européenne, le Tchad et l’Union africaine sont les principaux bailleurs.
Le procès d’Hissène Habré, l’ancien dirigeant tchadien poursuivit au Sénégal pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures, va coûter plus de 18 milliards FCFA (27,4 millions d’euros). C’est ce que révèle un document rendu public ce vendredi par la cellule de communication des chambres africaines. Selon ce document, ce budget est réparti entre les dépenses prévues pour les investissements (6,4 milliards de FCFA soit environ 9,7 millions d’euros) et les frais de fonctionnement (12,3 milliards FCFA, soit environ 18,7 millions d’euros). Dans le détail, le budget retenu pour les investissements nécessaires à la tenue du procès sera consacré à la rénovation du Palais de justice, à l’achat d’ordinateurs, de véhicules et de mobilier. La part dédiée au fonctionnement est réservée au transport des magistrats au Tchad et des témoins au Sénégal, au transport intérieur des témoins (de l’hôtel au Palais de justice) et à la prise en charge du salaire des magistrats et de leur sécurité.
Les principaux bailleurs
Selon les Chambres africaines, « le budget réel bouclé par les bailleurs s’élève à plus de 18 milliards FCFA (même) si un montant moins élevé a été rendu public pour ne pas heurter les populations ». Concernant les promesses de contribution, le document signale que « l’Union européenne a annoncé une contribution de 2 millions d’euros (1,3 milliards FCFA) ». Les Pays-Bas également ont promis un million d’euros (655 millions FCFA), l’Allemagne et la Belgique doivent contribuer à hauteur de 500 000 euros (3, 5 millions FCFA), la France, quant à elle, a promis 300 000 euros (1,5 millions FCFA) et l’Union africaine, 1 million de dollars. Le Tchad, principal concerné dans cette affaire, aurait promis 3 millions d’euros (1,9 milliards FCFA), précise le document.
Les deux milliards de Déby versés au Sénégal
Ce mercredi, en conférence de presse, Me El Hadji Diouf, un des avocats de la défense, a fait savoir qu’« Idriss Déby a versé 2 milliards FCFA pour faire arrêter Habré ». Selon le document, transmis à l’APS, « les Chambres africaines extraordinaires attendent toujours la contribution des bailleurs. Le budget confidentiel d’investissement et de fonctionnement est loin d’être bouclé ». Il précise cependant qu’il « n’y a jamais eu de consensus sur le montant exact (nécessaire pour le financement du procès). Le gouvernement d’Abdoulaye Wade réclamait 43 milliards FCFA ». « Un montant de 8,6 millions d’euros (5,6 milliards FCFA), qui a longtemps divisé le Sénégal et les bailleurs de fonds potentiels, a été aussi avancé », ajoute le texte.
« Par la suite, un montant de 7,4 millions d’euros (4,8 milliards de F cfa) a été proposé suite à un recadrage budgétaire », souligne le document, notant que le président tchadien Idriss Déby Itno « avait pris l’engagement lors d’une réunion tenue à Dakar sous le régime libéral de verser 2 milliards FCFA. Les deux milliards ont été versés sous Wade ». « En ce début d’année 2013, un chèque de 2 milliards FCFA supplémentaire a été remis à Robert Dossou, juge béninois, par Idriss Deby Itno lors d’une audience à Ndjamena », poursuit la même source, relevant que « l’apport global de Deby Itno revient alors à plus de 4 milliards FCFA ».
Hissène Habré a été inculpé mardi dernier par le juge d’instruction des Chambres africaines extraordinaires pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures.