Alors que le procès de son désormais ex-client, ouvert ce mardi 21 juillet à Dakar, a été ajourné au 7 septembre, Me El Hadji Diouf, l’ex-avocat d’Hissène Habré, tire à boulets rouges sur l’ancien dirigeant tchadien, accusé de crime contre l’humanité, crime de guerre et torture.
Il n’est pas content, pas du tout et il le fait savoir. Lui, c’est Me El Hadj Diouf, avocat du barreau de Dakar, ancien membre du pool des avocats de l’ancien Président du Tchad (1982-1990) Hissène Habré, accusé de crime contre l’humanité, crime de guerre et torture. Il est jugé au Sénégal par les Chambres africaines extraordinaires. Son procès qui s’est ouvert mardi, au Palais de justice de Dakar, a finalement été ajourné au 7 septembre prochain. Interpellé par le journal L’Observateur, Me El Hadj Diouf est formel : « J’ai été trahi par Habré ».
L’un des plus percutants avocats du Sénégal accuse certains de ses pairs « jaloux qui ne m’ont jamais pardonné d’être au devant de la scène dans l’affaire Hissène Habré (…). Des gens jaloux ont tout fait pour m’écarter du dossier Habré ». Confiant vouloir sortir un livre sur Hissène Habré, Me Diouf de se demander « quelle mouche a piqué » l’ex-Président tchadien pour qu’il « doute de ma bonne foi ». Me El Hadj Diouf, qui a rencontré Idriss Déby est en réalité accusé d’avoir fait un deal avec l’actuel dirigeant du Tchad. Mais pour l’avocat, il n’en est rien. « Personne ne peut parler du contenu de ce deal », se défend-il avant de renchérir n’avoir « jamais changé dans mes positions de défense de Habré, même si j’ai rencontré Déby ».
« J’ai été trahi par Habré »
Me El Hadj Diouf ne s’arrête pas en si bon chemin. En effet, toujours dans le but de se justifier, il se demande comment est-ce qu’il pouvait défendre Habré « sans rencontrer l’élément essentiel du dossier. Celui-là même qui a permis son arrestation et l’installation des Chambres africaines extraordinaires en mettant ses milliards pour faire fonctionner ces Chambres… ». Pour lui, « personne d’autre » que Déby « ne pouvait arrêter ce procès (…). Je m’étais dit que je vais explorer toutes les pistes pour défendre mon client Habré, surtout pour arrêter le procès contre lui. Les mauvaises langues pensent que j’ai reçu de l’argent de Déby ».
L’avocat de demander « pour quelle raison je prendrais l’argent de Déby ? Est-ce pour vendre Habré ? Non. Est-ce que j’ai dit à Habré que je ne le défends plus ? C’est lui qui a refusé de me recevoir après ma rencontre avec Déby (…). Je n’ai jamais posé un acte, depuis près de quinze ans que je défends Habré, sans que ce ne soit dans son intérêt. Je ne sais pas quelle mouche l’a piqué pour qu’il doute de ma bonne foi et de mon engagement à ses côtés. J’ai été trahi par Habré. Au lieu de me féliciter, on veut me jeter en pâture. Je me suis donné à Habré sans jamais être payé ».
Me Diouf accuse Habré qui est, selon lui, le « problème », car l’ex-Président tchadien a « abandonné une dizaine d’avocats »