Après la mise à mort de neuf condamnés ce dimanche en Gambie, le président sénégalais Macky Sall appelle Banjul à différer les autres exécutions prévues. Un Sénégalais figure encore dans la macabre liste d’attente qui compte une quarantaine de personnes.
(De notre correspondant)
La presse a confirmé l’exécution de neuf personnes, dont deux Sénégalais, le week-end dernier sur les ordres du Président gambien. Un autre Sénégalais devrait également subir le même sort. Le président du Sénégal, Macky Sall, a condamné ces exécutions à travers un communiqué lu par son porte-parole.
Selon le porte-parole de la présidence sénégalaise, Abou Abel Thiam, « le président de la République Macky Sall regrette vivement les exécutions de condamnés à mort intervenues en Gambie, malgré les demandes de clémence adressées aux autorités de ce pays. Le chef de l’Etat sénégalais appelle la Gambie à surseoir d’urgence à toutes les exécutions en cours. »
Le porte-parole de la présidence de la République demande la clémence « en faveur de tous les condamnés parmi lesquels figure (un) citoyen sénégalais. Le président Maky Sall réaffirme son opposition à la peine de mort, une mesure excessive et irréversible dans l’hypothèse d’erreurs judiciaires ou de violation des droits humains », souligne le porte-parole.
Deux Sénégalais parmi les victimes
Deux Sénégalais faisaient partie des condamnés fusillés dimanche. Tabara Samba et Djibril Bâ étaient poursuivis pour meurtre. Tabara Samba avait ébouillanté son mari avec de l’huile chaude, arrêtée, elle a été jugée, déclarée coupable d’assassinat et condamnée à mort le 26 septembre 2007. L’appel qu’elle a formulé devant la Haute Cour de la Gambie a été rejeté. Quant à Djibril Bâ, il a été inculpé pour l’assassinat de Ndiouga Samba, un autre Sénégalais. Selon l’Obs, au cours d’une altercation, il lui a planté un couteau dans l’œil le 18 décembre 1997 à Mariama Kunda, village du district de Kombo Nord. Ndiouga s’est vidé de son sang avant de mourir. Djibril Bâ a ainsi été jugé le 30 janvier 2004 et condamné à mort. Il a fait appel de sa condamnation, mais sa requête a également été rejetée. Saliou Niang, est pour sa part le seul Sénégalais demeurant encore sur la liste de la quarantaine de détenus en attente d’être exécutés.
Le gouvernement gambien, de son coté, compte poursuivre ces exécutions. Selon le communiqué du ministre gambien de l’Intérieur, « ces exécutions vont se poursuivre dans les heures car les lois gambiennes ne tolèrent pas : le trafic de drogue, des cas de meurtres et de trahison ». Selon le même communiqué, « la Gambie est un Etat souverain où la peine de mort est appliquée et qui a le droit de mettre en œuvre ses lois ».
En revanche, les ONG internationales de défense des droits de l’Homme ont demandé à l’ONU d’interdire des rencontres internationales avec le président gambien, Yahya Jammeh, et les membres de son gouvernement. Ces organisations comptent aussi marcher dans les prochaines heures dans les capitales africaines pour protester contre ces exécutions.
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