Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye annonce la fermeture des bases militaires françaises sur le sol sénégalais.
Lors d’un entretien exclusif accordé à l’Agence France-Presse et à France 2, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé une décision majeure : la fermeture des bases militaires françaises au Sénégal. Selon lui, la présence de ces infrastructures ne cadre plus avec la souveraineté nationale, un pilier de son programme politique depuis son élection en mars dernier. Cependant, cette initiative n’est pas synonyme de rupture avec l’ancienne puissance coloniale.
Une réorientation stratégique sans rupture
Le président Faye a tenu à rassurer : il ne s’agit pas de couper les ponts avec la France. En effet, celle-ci reste un acteur clé dans les domaines économiques et culturels, notamment grâce à ses investissements et à la présence de nombreuses entreprises françaises au Sénégal. L’objectif, selon le chef d’État, est de bâtir une relation plus équilibrée et moderne.
Ce repositionnement stratégique inclut une diversification des partenaires internationaux, avec des collaborations renforcées avec des pays comme la Chine, la Turquie, ou encore les États-Unis.
Une coopération militaire repensée
Cette décision s’inscrit également dans une refonte plus large de la doctrine de coopération militaire sénégalaise. Le président a annoncé une mise à jour prochaine de cette doctrine, visant à supprimer toute base militaire étrangère sur le sol sénégalais, tout en maintenant des accords bilatéraux plus adaptés à la réalité actuelle.
La volonté de Bassirou Diomaye Faye est claire : affirmer une indépendance stratégique tout en conservant des partenariats « féconds et globaux ». À titre d’exemple, il a cité la Chine, premier partenaire commercial du Sénégal, qui n’a pourtant aucune base militaire dans le pays.
Une décision applaudie et interrogée
Cette annonce intervient dans un contexte de tensions entre la France et plusieurs pays africains, notamment au Sahel, où des régimes militaires ont récemment tourné le dos à Paris en faveur de nouvelles alliances. Contrairement à ces pays, le Sénégal opte pour une transition valorisée, appréciée par certains comme un signe de maturité diplomatique.
Cependant, d’autres s’interrogent sur l’impact de cette fermeture sur la sécurité régionale, dans un contexte marqué par des menaces terroristes persistantes en Afrique de l’Ouest.
Une reconnaissance historique de la France
Dans un geste perçu comme une volonté d’apaisement, le président français Emmanuel Macron a récemment reconnu, dans une lettre officielle, la responsabilité des forces coloniales françaises dans le massacre de Thiaroye en 1944. Ce geste a été salué par le président sénégalais comme un « grand pas vers la vérité », renforçant l’idée d’un partenariat basé sur la transparence et le respect mutuel.