Sénégal : Fin des parrainages pour les législatives


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Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal
Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal

Le Sénégal se prépare à un bouleversement politique majeur avec les élections législatives anticipées prévues pour le 17 novembre 2024. Ce scrutin, précipité par la dissolution de l’Assemblée nationale, s’accompagne d’une mesure inédite. Il s’agit de la suppression du système de parrainages, un dispositif habituellement requis pour valider les candidatures. Cette décision, rendue publique le 6 septembre 2024 par le Conseil constitutionnel, répond à des contraintes de temps imposées par la Constitution.

Elle soulève également des interrogations sur l’organisation et les implications de cette élection.

Pourquoi la suppression des parrainages ?

Le système de parrainages, instauré pour filtrer les candidatures et éviter une multitude de candidats, ne sera pas appliqué lors de ces élections législatives. La raison principale réside dans le calendrier extrêmement serré imposé par la dissolution de l’Assemblée. Selon la Constitution sénégalaise, les élections anticipées doivent se tenir dans un délai de deux à trois mois. Ce court délai ne permet pas de collecter et vérifier les signatures des parrains de manière efficace.

Le président Bassirou Diomaye Faye a sollicité l’avis du Conseil constitutionnel à ce sujet en juillet 2024. En réponse, les « sages » ont estimé que le parrainage n’était pas applicable dans ce contexte. En effet, les délais nécessaires pour organiser un tel processus sont jugés incompatibles avec les échéances prévues pour les élections anticipées.

Une élection complexe à organiser

Si cette mesure permet de respecter les délais constitutionnels, elle ouvre la porte à de nouveaux défis. « Sans parrainages, il risque d’y avoir un encombrement de candidatures », avertit un expert électoral sous couvert d’anonymat. Le processus de filtrage des candidats étant allégé, le nombre de listes pourrait exploser. Une situation qui pourrait compliquer le travail des organisateurs et rendant la tâche plus difficile pour les électeurs. Cette situation pourrait également allonger le dépouillement et affecter la clarté du scrutin.

Néanmoins, la présidence reste confiante. Le ministère de l’Intérieur a déjà entamé des concertations avec les partis politiques pour revoir les étapes du processus électoral et adapter les délais en conséquence. L’objectif est de garantir un scrutin transparent et bien organisé, malgré les ajustements imposés par le contexte.

Un enjeu démocratique de taille

La suppression des parrainages suscite des interrogations quant aux répercussions politiques. En 2019, lors de la présidentielle, ce système avait été introduit pour limiter le nombre de candidatures et faciliter la sélection des candidats les plus sérieux. Son absence lors des législatives de novembre pourrait favoriser une fragmentation politique et rendre l’issue du scrutin plus imprévisible.

Cependant, certains analystes y voient une opportunité pour une plus grande diversité de candidats, permettant à des formations politiques moins structurées ou émergentes de se faire entendre. Dans un contexte où les tensions politiques sont vives, cette ouverture pourrait encourager un renouvellement du paysage politique sénégalais.

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