Sénégal : fin de la vente informelle de pain


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Le ministre sénégalais du Commerce a annoncé, ce lundi, l’implantation de plus de 3 000 kiosques à pain agréés dans la région de Dakar d’ici les prochains jours. Dans le cadre de son programme de contrôle de la qualité du secteur pain, Mamadou Diop entend supprimer l’activité des vendeurs de pain informels dans la capitale et sa banlieue pour y introduire un réseau de distribution encadré et normé. Cette mesure affiche un double objectif : assainir le secteur et réduire le coût de la baguette en faveur du consommateur.

Par Sandrine Desroses

Exit les vendeurs de pain informels à Dakar. Réglementer le secteur du pain et améliorer la qualité de la production : voilà la priorité que se fixe le ministère du Commerce sénégalais. Dans cette perspective, plus de 3 000 kiosques vont être mis en place dans les prochains jours afin d’assurer désormais l’approvisionnement en pain de la population. Un coup de pouce pour les boulangers, dont la profession se trouve mise à l’honneur, mais aussi un coup de balai sur les boutiquiers dont une partie de l’activité est compromise.

Le programme « Contrôle qualité » favorise une distribution directe par les boulangers. D’où l’interdiction des activités de vente parallèle, notamment les « tanganas » qui proposent aux passants des produits de restauration rapide ainsi que du pain au détail. Pas toujours dans les meilleures conditions d’hygiène… En effet, la mesure remet en cause les conditions de salubrité dans lesquelles le pain est proposé aux consommateurs.

Des points de vente agréés

« Le décret du 6 février 2004 marque la volonté d’assurer une vente dans des conditions et des lieux précis », indique Mme Mame Boury Tall, Chef du Service Régional du Commerce de Dakar. Ordinairement, le réseau de distribution du pain fait intervenir plusieurs acteurs : le boulanger qui produit le pain et le vend dans sa boulangerie, et les intermédiaires qui achètent le pain au boulanger pour le revendre ensuite dans la rue. La marchandise achetée 90 CFA en boulangerie est proposée dans la rue à 150 CFA en moyenne, soit une marge de 60 CFA.

Le ministre a déploré cette situation et s’est montré favorable à l’application de mesures strictes qu’il juge « salutaires ». Il s’agit avant tout, pour M. Diop de « protéger (la population) tant sur le plan de l’hygiène que sur la possibilité de baisser le prix du pain ». Il a également précisé que « tout sera mis en œuvre pour que le pain reste accessible à la population », grâce à l’installation de points de vente agréés dans tous les quartiers, ouverts même tardivement, pour que chacun puisse se procurer du pain à tout moment.

Pour Diallo, propriétaire d’une boutique aux HLM 5 à Dakar, le pain constitue un produit d’appel. Les clients viennent chez lui à toute heure de la journée s’en procurer et pour faire leurs courses, par la même occasion. Un service de proximité est mis à mal, que le nombre de kiosques est censé, à présent, assurer.

Créer de l’emploi

Avec cette mesure le boulanger devient l’acteur principal du secteur. Les kiosques, espaces commerciaux aménagés tout spécialement pour le pain, seront tenus par des gérants payés à la commission et placés sous l’autorité du boulanger. Les détenteurs de « tanganas » peuvent tout à fait maintenir leur activité, tant que celle-ci ne consiste pas à revendre du pain. Les contrevenants s’exposent à une amende pouvant aller de 10 à 50 000 CFA.

Les avis sont partagés concernant l’entrée en vigueur de la mesure. Chez les boulangers, elle a été accueillie avec enthousiasme, car leur activité se trouve à la fois valorisée et réglementée.
La population, quant à elle, semble perplexe quant à l’accessibilité de ces nouveaux points de vente, qui viennent par ailleurs perturber leurs petites habitudes. Quoi qu’il en soit, il va bien falloir que chacun s’y habitue…

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