Le Président sénégalais Macky Sall a donné ce lundi matin le coup d’envoi des réunions du groupe consultatif pour le plan du Sénégal émergent (PSE), au siège de la Banque mondiale, à Paris. L’objectif de cette table ronde, qui réunit les bailleurs de fonds jusqu’à mardi soir, est de recueillir au total près de 3 000 milliards de FCFA pour permettre l’émergence du pays d’ici 2035.
Ce lundi matin est spécial au siège de la Banque mondiale, à Paris. Le bâtiment grouille de monde. Pas moins d’une cinquantaine de journalistes sénégalais, tous attendent avec impatience le Président Macky Sall, qui est arrivé avec plus d’une heure et demie de retard, avant de présider le groupe consultatif du Plan Sénégal émergent (PSE). L’objectif de cette table ronde, qui réunit bailleurs de fonds et décideurs économiques, jusqu’à mardi soir, est de recueillir près de 3 000 milliards de FCFA pour accélérer le développement économique et social du pays d’ici 2035. Cette coquette enveloppe sera consacrée en priorité au financement du secteur agricole, des infrastructures, de l’énergie, de l’habitat ainsi que du tourisme.
Il faut dire que le Président sénégalais a employé les grands moyens en matière de communication pour que cet évènement soit le plus suivi possible. Selon une source proche de la Présidence, près de 800 millions de FCFA auraient été utilisés pour marquer le coup. De nombreux membres du gouvernement ont fait le déplacement, dont le ministre de l’Economie Amadou Bâ, ainsi qu’une délégation de l’opposition. La ministre déléguée de la Francophonie Yamina Benguigui a également fait acte de présence, représentant le gouvernement français. De même que le président de la commission de l’Union monétaire ouest-africaine (UEOMA) Cheikh Hadjibou Soumaré, Abdoulaye Dièye, directeur régional du bureau de la Banque mondiale, le vice-président de la Banque mondiale, Matar Diop, ainsi que le commissaire européen, Andris Piebalgs. Tous représentent ainsi leur institution.
« Le PSE n’est pas sorti du néant »
Cela fait déjà plusieurs mois que le Président sénégalais ficelle le dossier du PSE, qui doit permettre au Sénégal de devenir un pays émergent d’ici 2035. Le plan a pour but de redresser sa croissance à 7% d’ici 2018 alors qu’elle n’est que de 4% actuellement. Conscient qu’il est un véritable challenger, Macky Sall a tenté, lors de son discours, de trouver les mots justes pour convaincre les bailleurs de fonds qu’il s’agit d’un plan concret et non d’un énième programme qui accouchera d’une souris : « Le PSE n’est pas sorti du néant. Sa subsistance est fondée sur une stratégie nationale de développement ». C’est une « forte volonté politique pour maintenir la cap vers l’émergence », martèle, de son côté, le ministre de l’Economie Amadou Bâ. « Des plans stratégiques, nous en avons connus, mais nous avons pêché dans la mise en œuvre », ajoute-t-il, soulignant que ce qui change avec le Plan du Sénégal émergent c’est « la vision forte du Président Macky Sall ».
Lancement d’un pôle de développement en Casamance
Le Président sénégalais a aussi assuré que le Sénégal a pour ambition de produire « plus et mieux pour atteindre une autosuffisance alimentaire et exporter ». Mais pour atteindre cet objectif, il a admis que l’agriculture sénégalaise, en difficulté, doit être rénovée. La région de la Casamance, dans le sud du Sénégal, riche en ressources naturelles, pourrait être un grenier du secteur. Le dirigeant du pays de la Téranga en a d’ailleurs profité pour annoncer début mars le lancement à Ziguinchor du premier pôle de développement de la Casamance. Pour sa part, le commissaire européen Andris Piebalgs estime que la paix en « Casamance doit être établie pour exploiter le potentiel de cette région ».
Les défis sont nombreux pour mettre concrètement le PSE sur pied. Et le président de la commission de l’Union monétaire ouest-africaine (UEOMA),
Cheikh Hadjibou Soumaré n’a pas manqué de le rappeler ce matin, précisant que le Sénégal doit « renforcer son cadre macro-économique ». Pour Abdoulaye Dièye, directeur régional du bureau de la Banque mondiale, l’un des autres chantier du pays, est de mettre en place le PSE à « grande échelle avec un temps plus rapide ». D’après le vice-président de la Banque mondiale, Matar Diop, « la croissance durable est au cœur des enjeux du projet ». Selon le responsable, « la richesse naturelle n’est pas une condition sine qua non pour le développement. Le Sénégal a, selon lui, tous les éléments pour se développer, évoquant « son capital humain, sa stabilité politique, son ouverture vers le monde ». Reste à savoir si tous ces potentiels du pays de la Téranga seront concrètement mis au service du développement…