Cela s’est passé ce lundi matin, aux environs de 9 heures, dans la capitale sénégalaise. Les habitants de la Cité Tobago, sur la VDN (Voie de dégagement nord), ont été surpris de voir s’écrouler, exactement comme un château de cartes, les quatre étages d’un immeuble, en construction. Pour l’heure, on ne dénombre aucun mort.
(De notre correspondant)
« On a vite fui lorsque nous avons senti le bâtiment bouger. Nous devions poser les carreaux et on était venu très tôt pour pouvoir vite avancer dans les travaux », lance cet ouvrier encore sous l’emprise de la peur d’avoir échappé de justesse à la mort. Le décor est là, des tas de gravats. Les commentaires vont bon train. « J’ai cru que j’étais en train de vivre un film. Car, dans mon imagination, jamais je n’aurai pensé être face à un immeuble qui s’écroule comme un château de sable. C’est du jamais vu », confie à Afrik.com Amadou qui était dans les parages et qui a assisté à l’effondrement. « Habituellement, on ne craint pas lorsque nous travaillons sur un bâtiment en construction, mais depuis l’affaire de Ouakam (village situé à 9 km du centre de Dakar), nous sommes aux aguets », lance cet autre ouvrier.
2 morts et 4 blessés le 8 mars
Le 8 mars dernier, un immeuble de quatre étages s’était aussi effondré à Ouakam. Sur le coup, un enfant, le fils du chef de chantier, avait trouvé la mort et deux autres étaient portés disparus. Bilan final : 2 morts et 4 blessés graves. Une situation que les autorités sénégalaises, notamment le maire de Dakar, Khalifa Sall, avaient trouvé inquiétante, au point de demander à l’Etat de prendre des mesures. « Chaque deux jours, nous avons un bâtiment ou un immeuble qui s’effondre avec mort d’homme ou des blessés. Et c’est des situations que nous pouvons éviter. C’est la raison pour laquelle, nous invitons l’Etat et toutes les autorités à mieux asseoir notre coordination et notre concertation, pour que le travail de prévention et de contrôle puisse être plus efficace », avait lancé le maire de Dakar à cet effet.
Numéro Vert pour dénoncer les menaces
« Il faut que les règles édictées soient respectées. Mais il faut aussi que les techniciens, l’administration, soient imprégnés de leurs responsabilités et qu’ils ne prennent pas leur métier et leurs interventions à la légère. Parce qu’avant de délivrer des autorisations de construire, nous devons nous prémunir de l’ensemble des précautions. Evidemment, il faut savoir que l’autorisation de construire ne relève plus seulement du ministre de l’Habitat, mais aussi des maires des collectivités locales. En tout état de cause, nous avons pris un certain nombre de mesures pour faire des lettres circulaires et rappeler à chaque acteur sa responsabilité, en la matière », avait lancé à l’époque de l’effondrement de Ouakam, Khoudja Mbaye, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat. Par la suite, un Numéro Vert avait même été installé et servait à dénoncer tout bâtiment qui n’était pas dans les normes ou présentait des menaces quelconques.
Sauf que cette mesure semble peu efficace avec notamment le nouvel effondrement d’immeuble ce lundi matin. Pour l’heure, aucune perte humaine n’est à déplorer. Les sapeurs pompiers qui sont sur les lieux depuis 10h15 devront commencer les fouilles d’un moment à l’autre, pour savoir s’il y a des personnes sous les décombres.