Après quatre mois de détention dans une prison sénégalaise, trois ressortissants marocains soupçonnés d’appartenir à un mouvement affilié à Al-Qaïda ont été extradés cette semaine vers le Maroc. Une opération qui intervient dans un contexte tendu, après l’enlèvement de sept employés des sociétés françaises Areva et Vinci au Niger.
Dans la nuit du lundi au mardi 21 septembre, trois ressortissants marocains, soupçonnés d’appartenir au mouvement «Jeunesse Islamique combattante» affiliée à Al-Qaïda, ont été extradés vers le Maroc par le vol At502 de la RAM (Royal air Maroc). Moulay Abdelhani Nadane, Sidy Mohamed et Mohamed Brigh Nadane, âgés de 30 à 35 ans, avaient été arrêtés le 29 Mai 2010 à l’Aéroport International de Dakar, alors qu’ils étaient en transit vers la Somalie. Selon le procès-verbal de l’enquête, ils devaient se rendre dans un camp d’entraînement en Somalie pour préparer des attentats en Irak, en Afghanistan et au Maroc.
Leur avocat Me Assane Dioma Ndiaye avait pourtant demandé à la justice sénégalaise de ne pas les extrader, car selon lui « s’ils vont au Maroc, ils seront torturés et risquent d’être exécutés. Or le Sénégal a ratifié la convention des Nations unies de 1984 contre la torture et les traitements inhumains dégradants ». Mais cet argument n’avait pas pesé lourd, puisque la justice sénégalaise avait répondu favorablement fin juillet à la demande d’extradition formulée le 10 juin par les autorités judiciaires marocaines.
Le président Wade tardait à signer le décret d’extradition, mais les choses se sont visiblement accélérées. On le voyait mal refusait cette extradition dans le contexte actuel particulièrement pesant, avec l’enlèvement récent de 7 employés des compagnies françaises AREVA et VINCI à Arlit, au Niger, par AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique). La France a-t-elle joué un rôle dans cette livraison express ? Difficile à dire. Quoi qu’il en soit, c’est menottés, et sous une forte escorte policière marocaine, que les trois présumés terroristes se sont envolés vers le royaume chérifien. La realpolitik et les bonnes relations sénégalo-marocaines l’ont sans doute emporté sur les considérations humanitaires. Le pire est à craindre pour ces trois présumés terroristes. A quoi bon ratifier des conventions humanitaires, pour ne jamais les respecter ?
arton20905