En seulement 24 heures, plus de 10 000 Sénégalais ont déposé leur candidature pour 370 contrats saisonniers en Espagne. Face à cet engouement massif, le gouvernement mise sur une plateforme en ligne pour moderniser le recrutement et éviter l’engorgement.
Plus de 10 000 Sénégalais ont déposé leur candidature pour l’un des 370 contrats d’ouvriers agricoles en Espagne. Ce chiffre, totalement inattendu, a pris de court les autorités et mis en lumière l’urgence sociale d’un marché du travail saturé. Devant les bureaux de recrutement, des files interminables se sont rapidement formées, obligeant le gouvernement à suspendre les inscriptions physiques. En réponse à cet engouement massif, les autorités ont annoncé la mise en place d’une plateforme en ligne afin de mieux canaliser la demande et d’optimiser le processus de sélection.
Un emploi précieux dans un contexte de chômage massif
Pour de nombreux jeunes, ces contrats saisonniers représentent bien plus qu’un simple travail : ils constituent une véritable bouée de sauvetage face au manque de perspectives locales. Mbaye, 25 ans, vendeur de fripes à Dakar, exprime son désarroi : « Au Sénégal, il n’y a pas de travail ! Il faut aller en Espagne pour gagner sa vie. »
Mais il n’est pas le seul à voir dans cette opportunité une issue favorable. En effet, même des travailleurs déjà en poste, comme Moustapha, 38 ans, commercial, sont prêts à tout recommencer ailleurs. Il déplore des conditions salariales insuffisantes qui l’empêchent de subvenir aux besoins de sa famille. Ainsi, cette ruée vers l’emploi met en évidence une réalité préoccupante : l’économie sénégalaise peine à absorber une jeunesse nombreuse et en quête de stabilité.
Une initiative pour contrer l’émigration irrégulière
Face à ces défis, le gouvernement met en avant ce programme de migration circulaire comme une alternative crédible aux traversées clandestines dangereuses vers l’Europe. Selon Amadou Chérif Diouf, Secrétaire d’État aux Sénégalais de l’Extérieur, ce dispositif présente plusieurs garanties essentielles : un emploi légal et sécurisé, limité à une durée de neuf mois.
Par ailleurs, un accord récemment signé avec l’Espagne vient renforcer cette coopération. L’objectif à moyen terme est clair : augmenter progressivement les quotas pour se rapprocher des volumes du Maroc, qui envoie déjà 15 000 saisonniers par an en Espagne. Cette stratégie permettrait ainsi d’offrir davantage d’opportunités aux travailleurs sénégalais tout en répondant aux besoins agricoles espagnols.
Vers une modernisation du processus de recrutement
Toutefois, l’ampleur de l’engouement a révélé les limites du système actuel. En particulier, l’afflux massif de candidatures a saturé les bureaux d’accueil, notamment à Dakar, où plus de 5 000 dossiers ont été enregistrés en une seule journée.
Pour éviter de nouvelles bousculades, le gouvernement mise désormais sur la numérisation du processus. La création d’une plateforme numérique vise à fluidifier le recrutement et à mieux organiser la sélection des candidats. De plus, cette transition digitale pourrait permettre une meilleure adéquation entre les profils des travailleurs et les exigences des employeurs espagnols, qui reconnaissent déjà la compétitivité de la main-d’œuvre sénégalaise.
En définitive, bien que cette vague de candidatures souligne la détresse économique d’une partie de la population sénégalaise, elle démontre également un intérêt croissant pour des migrations encadrées et sécurisées. Reste à voir si cette initiative parviendra réellement à créer un modèle viable et pérenne pour le marché du travail sénégalais.