Les élections législatives anticipées au Sénégal, prévues pour ce dimanche 17 novembre, s’annoncent décisives, marquées par une tension palpable et des enjeux de pouvoir cruciaux pour l’avenir politique du pays.
Alors que le Sénégal se rend aux urnes ce dimanche 17 novembre pour des élections législatives anticipées, l’enjeu dépasse le simple renouvellement de l’Assemblée nationale. Ces examens, marqués par des tensions et des espoirs contradictoires, pourraient redéfinir l’avenir politique du pays.
Un examen sous le signe de la rupture
Ces élections législatives anticipées se dérouleront deux mois après la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars dernier. Accompagné de son Premier ministre, Ousmane Sonko, le duo vise à obtenir une majorité qualifiée des trois cinquièmes. Cette majorité est cruciale pour mettre en œuvre leur programme ambitieux : réforme de la justice, création d’un poste de vice-président et suppression d’institutions jugées budgétaires.
Avec 7,3 millions d’électeurs appelés à voter, le parti Pastef espère conforter son succès de la présidentielle, où il avait remporté 54 % des suffrages. Mais l’opposition, loin de se laisser faire, prépare une contre-offensive, notamment grâce à des alliances stratégiques dans certaines circonscriptions.
Un climat électoral sous tension
La campagne électorale a été marquée par des violences sporadiques mais préoccupantes. Des affrontements au couteau, des QG incendiés et des appels à la vengeance ont entaché les deux dernières semaines. Plus de 80 personnes ont été arrêtées pour possession d’armes blanches ou pour des actes de violence.
Moussa Diaw, politologue à l’université de Saint-Louis, analyse ces violences comme le reflet des enjeux colossaux de ce examen : « Ces violences traduisent une lutte de pouvoir intense, où chaque camp cherche à maximiser son influence, faute d’une offre politique claire. »
Un test pour la démocratie sénégalaise
Pour garantir la transparence des élections, 1 100 observateurs de la société civile ont été déployés à travers le pays. Leur rôle sera crucial pour signaler tout dysfonctionnement et maintenir la crédibilité du processus électoral. De plus, des organisations internationales telles que l’Union européenne, l’Union africaine et la Cédéao surveillent de près ces élections.
Le mode d’examen mixte, combinant majorité simple et proportionnelle, complique davantage la compétition. Tandis que 112 sièges seront attribués à la majorité simple, les 53 restants seront déterminés selon un système proportionnel, permettant aux petites formations d’avoir une au Parlement.
Vers une recomposition politique ?
Si le Pastefobtenir une majorité confortable, le président Bassirou Diomaye Faye aura les coudées franches pour poursuivre ses réformes prometteuses. Cependant, une opposition en embuscade pourrait freiner ses ambitions et maintenir un équilibre des forces au Parlement.
L’ancien président Macky Sall, revenu sur le devant de la scène malgré son retrait annoncé, espère peser lourdement dans cette bataille, tandis que d’autres figures de l’opposition, comme Barthélémy Dias et Amadou Ba, mettent sur des alliances locales pour grappiller des sièges.