De jeunes journalistes du Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI), au Sénégal, ont couvert les 43ème assises de l’Union de la presse francophone à Dakar qui se sont achevées ce samedi pour le compte du journal local « Le Quotidien ». Une façon pour eux de s’imprégner du monde professionnel.
Ils ont été les relais du journal sénégalais Le Quotidien durant ces 43ème assises de l’Union de la presse francophone. Les étudiants en journalisme du Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) ont réalisé le supplément de quatre pages que le journal à accordé à l’évènement, du 19 au 23 novembre, dans la capitale sénégalaise, Dakar. Rien ne leur a échappé. Comme des fourmis, ils se sont immiscés dans les différentes tables rondes axées autour du thème principal de ces assises « Jeune et médias : les défis du numérique ».
Un travail de fourmis soigneusement supervisé par Claude Maurin, professeur à l’école supérieure de journalisme de Lille, et Bocar Sakho, journaliste chef de la rubrique Société du Quotidien. Pour Claude Maurin, qui a l’habitude de superviser de jeunes journalistes dans ce genre de projet, ils ne sont pas différents de ceux qu’ils encadrent en France. « Je me suis senti très proches d’eux, et pas du tout dépaysé. Même s’ils manquent un peu d’expérience, je trouve qu’ils écrivent très bien. J’ai été séduit par leur écriture très imagée, typique au Sénégal. Une spécificité qu’il ne faut surtout pas délaisser mais préserver, car c’est une richesse », explique Claude Maurin. Il note aussi des valeurs communes entre le Sénégal et la France, précisant que « ce n’est pas pour rien que le Sénégal est le berceau de la Francophonie grâce à Senghor ».
Pour Bocar Sakho, « cette expérience est aussi un tremplin pour l’emploi pour ces jeunes journalistes en fin d’études, et déjà à la recherche d’un emploi. Ce supplément est pour eux une vitrine qui permet de montrer leur savoir-faire aux patrons de presse. La majorité d’entre eux ont du talent pour trouver du travail ». C’est ?
?u?ne réalité, le marché du journalisme « au ?S?énégal? est?
comp?l?ètement saturé », rappelle le chef de la rubrique Société du Quotidien.
« J’ai eu la meilleure des formations au CESTI »
« Une expérience enrichissante qui a permis d’échanger avec des grands noms du journalisme, de faire de terrain »?. Voilà ce que retiennent les étudiants du CESTI qui ont participé au projet. « J’avoue que le premier jour j’avais un peu le trac en tant que jeune journaliste, par la suite tout s’est bien passé. Je me suis rendu compte que j’avais reçu la meilleure des formations au CESTI, ce qui m’a permis d’être très vite à l’aise dans le travail qu’on devait fournir », confie Kodou Sène. Demba Diawo est de son côté particulièrement fier d’avoir relevé le défi, lui qui est à la base journaliste de radio. « Je me suis très vite adapté à la façon d’écrire en presse écrite. Tout le monde est content de notre travail. On a aussi beaucoup appris en terme d’éthique et de déontologie, auprès de Claude Maurin, qui est très professionnel ».
« Faire table rase du journalisme au Sénégal »
Pour Mamadou Sarr, le thème de ces assises qui pose la question de l’évolution des façons de travailler du journaliste avec l’arrivée du numérique nous a permis de réfléchir sur la façon d’exercer notre métier avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NITC). D’autant qu’au Sénégal, « il y a actuellement beaucoup de dérives dans la presse», dénonce-t-il. « Il faut faire table rase de ce qui existe actuellement et revenir aux fondamentaux du métier, car il y a beaucoup de dérives dans la presse sénégalaise qui est en déliquescence », estime le jeune homme.
« Les patrons de presse ont une responsabilité dans l’état médiocre du journalisme au Sénégal », disent à l’unanimité les jeunes journalistes Mamadou Sarr, Ousmane Laye Diop, et Pape Nouha Souané. « Ils utilisent leur journal pour faire de la propagande et recrutent des journalistes qui ne sont pas formés et ne connaissent rien au métier, pour faire des économies », déplore Ousmane, qui pointe du doigt « le niveau de vie trop élevé des patrons de presse alors que les journalistes vivent dans la précarité. Certains ne sont même pas payés ». Sans compter « le syndrome de l’éternel stagiaire, des journalistes qui ont ce statut durant sept voire huit ans et même plus sans évoluer. La plupart des bons journalistes sont chômeurs dans ce pays car les patrons de presse ne s’intéressent pas à eux. Pourquoi, parce qu ceux-là refusent de véhiculer leur propagande », analyse Mamadou Sarr.
Toutefois, Ousmane lui reste optimiste pour l’avenir, estimant qu’il « ne faut pas perdre de vue les journaux de qualité, car il y en a encore dans le pays, même s’ils sont très peu nombreux. Les meilleurs journalistes sont toujours débauchés ». Autre alternative : l’entrepreneuriat. Pourquoi ne pas créer son propre journal pour sortir la tête de l’eau ? Une solution rêvée, surtout que ce ne sont pas les idées qui leur manquent.