Ousmane Sonko, qui avait entamé une nouvelle grève de la faim, la semaine dernière, est dans un profond coma. C’est ce qu’a révélé son avocat, Me Ciré Clédor Ly.
Il avait été arrêté le 28 juillet dernier, puis envoyé en prison trois jours plus tard. Le lundi 31 juillet 2023, à l’issue de son face-à-face avec le juge d’instruction, le leader du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) obtenait un ticket pour la case prison. L’annonce avait été faite par son avocat Clédor Ciré Ly.
« M. Sonko a été arrêté pour avoir volé, avec violence, le téléphone portable d’une femme gendarme et pour avoir aussitôt appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt », avait déclaré le procureur Abdoul Karim Diop. Le maître des poursuites avait précisé que « cette arrestation n’a rien à voir avec la première procédure dans laquelle il a été jugé par contumace ».
Une troisième condamnation pour Sonko
L’opposant était poursuivi pour les délits suivants : « appel à l’insurrection. Atteinte à la sûreté de l’Etat. Association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Complot contre l’autorité de l’Etat. Actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves et vol ». Avant ce verdict, l’opposant sénégalais avait écopé de deux condamnations.
Le 8 mai, l’opposant avait écopé de six mois de prison avec sursis. Ce, à l’issue d’un procès en appel pour diffamation contre le ministre Mame Mbaye Niang. Le 1er juin dernier, Sonko avait, une nouvelle fois, été condamné à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs. La justice l’avait condamné pour « corruption de jeunesse », dans l’affaire qui l’oppose à la masseuse Adji Sarr.
Reprise de la grève de la faim
Depuis fin juillet, l’opposant est en prison. Pour contester contre sa détention qu’il a jugée « arbitraire », le maire de Ziguinchor avait entamé une grève de la faim. Mi-août, Sonko est admis en réanimation après plusieurs jours de diète. Parti lui rendre visite, son avocat, Maître Ciré Clédor Ly, a pu lui rendre visite, avait révélé que son client était sous perfusion. « Trop faible pour refuser de s’alimenter », avait poursuivi la robe noire.
Le conseil de l’opposant avait toutefois mis en garde que son client « compte reprendre sa grève de la faim pour réclamer sa libération ». Début septembre, après l’intervention de plusieurs personnalités religieuses du Sénégal l’opposant mettait fin à sa grève de la faim. Jusqu’au mardi 17 octobre, lorsqu’il annonce la reprise de sa diète pour contraindre la justice de son pays à le libérer.
Sonko « est entré dans un profond coma »
« Je vous invite, aujourd’hui, plus que jamais, à plus d’engagement, de détermination et de solidarité face à cette dictature à qui il ne reste que moins de cinq mois. Je vous rappelle, en conséquence, notre droit constitutionnel à la résistance… Quant à nous, nous ne pouvons que recourir aux moyens de résistance que notre situation actuelle permet. C’est pourquoi j’ai décidé de reprendre ma grève de la faim », avait-il déclaré.
Sauf que son état de santé s’est rapidement détérioré. « La situation de M. Ousmane Sonko est alarmante et son état de santé s’aggrave de façon inquiétante. Il est entré dans un profond coma ce lundi 23 octobre 2023, ce qui a surpris même le Service hospitalier et conforte les inquiétudes que j’avais avancées après l’avoir visité la veille », a déclaré Me Ciré Clédor Ly.
Macky Sall et la communauté internationale interpellés
« L’irréversible peut à tout moment se produire », a mis en garde l’avocat de Sonko. « J’interpelle solennellement le président de la République et le ministre de la Justice qui ont des pouvoirs leur permettant d’activer des leviers qui ne portent pas atteinte à la séparation des pouvoirs et qui seraient conformes aux droits civils de la personne, garantis et protégés par les instruments internationaux des droits de l’homme », a poursuivi l’avocat.
Me Ly a également fait appel à la communauté internationale, demandant de faire « tout ce que les accords et les liens d’amitié leur permet, pour que le trouble grave et persistant que cause le seul maintien en détention de M. Ousmane Sonko soit solutionné, avant que l’irréparable qui est prévisible ne se produise ».