La saison des pluies, communément appelée hivernage, approche à grands pas au Sénégal. D’ailleurs, quelques gouttes sont tombées dans la partie orientale du pays comme Kédougou. Ce qui a alerté les paysans qui n’ont pas manqué de dire leurs craintes quant au bon déroulement de cette période des cultures, dans un contexte de crise mondiale liée à la guerre en Ukraine. Les populations aussi craignent pour les inondations.
Les premières pluies sont annoncées au Sénégal plus tôt que prévu. Habituellement, le ciel ouvre ses vannes en fin juin début juillet. Pour cette année 2022, les services de la météorologie annoncent une pluviométrie abondante, mais aussi précoce. Ce qui fait que le mois de juin pourrait être très pluvieuse. Les premières averses sont même tombées dans des régions comme Kédougou, située dans le Sénégal Oriental. Pour ne pas être surpris, les paysans ont déjà commencé à alerter. Ils interpellent l’Etat afin que les semences soient distribuées à temps, de même que les engrais.
Le ministre sénégalais de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Moussa Baldé, rassure : «Nous avons pris toutes les dispositions pour un bon hivernage». Selon lui, les semences comme les engrais sont disponibles et prêts à être distribués sur toute l’étendue du territoire national. Toutefois, si les semences sont déjà sur place, dans les localités où elles doivent être distribuées, les engrais sont déjà en entrepôt et seront incessamment convoyés vers leurs lieux de destination. «Il y a pas donc pas lieu de s’inquiéter», estime-t-il, révélant que cette année, une longueur d’avance a même été prise par rapport aux années précédentes. S’agissant de la qualité, le responsable a donné des garanties qu’elle est au rendez-vous.
Seulement, le problème des agriculteurs ne se situe pas uniquement au niveau des engrais et semences. «En plus de la mise à disposition rapide des semences et des engrais pour nous aider à aborder cette saison des pluies dans les meilleures conditions, nous interpellons l’Etat afin qu’il nous aide à disposer de matériel agricole adéquat», interpelle cet agriculteur de la zone des Niayes (Mboro, 100 km de Dakar au Nord). «La plupart d’entre nous sont obligés de louer le matériel agricole. Imaginez le même matériel loué à deux champs différents, cela pose problème, car l’un d’eux sera obligé d’attendre que l’autre termine avant de pouvoir disposer de cet outil essentiel. Dans ces conditions, il nous sera difficile d’obtenir de bonnes récoltes», déplore-t-il.
Dans un contexte de crise mondiale déclenchée par la pandémie de Coronavirus et exacerbée par la guerre en Ukraine, une bonne gestion de l’agriculture demeure un objectif certain, surtout chez nombre d’agriculteurs qui subissent déjà les contrecoups de cette crise qui frappe partout dans le monde. «Nos rendements sont faibles, car nous ne disposons pas de bons outils pour notre travail. Comparé à ceux qui ont des machines agricoles à leur disposition, c’est un véritable gâchis. Surtout pendant cette période où tout est devenu cher, nous avons besoin d’être appuyés pour augmenter notre production et nos revenus. Ce qui permettra de mieux approvisionner les marchés en produits et nous retrouver avec de quoi survivre», confie cet autre agriculteur de la région de Diourbel (centre du Sénégal).
L’annonce d’une bonne pluviométrie rassure certes les agriculteurs, mais elle inquiète certaines populations, surtout celles qui habitent ou travaillent dans des zones inondables. L’Etat est interpellé sous ce chapitre afin qu’il prenne toutes les dispositions. C’est le cas des enseignants de l’école Petit Thialy, à Thiès (70 km da Dakar au Nord), qui ont lancé l’alerte. «L’année dernière, il y a eu beaucoup d’eau. Une pluviométrie tellement abondante que nous avions eu du mal à accéder à l’école, durant tout le mois d’octobre. On a difficilement débuté les cours, avec un peu de retard accusé. Si cette année, j’apprends que les pluies seront encore plus abondantes, il y a de quoi s’inquiéter. Nous en appelons aux autorités afin qu’elles prennent toutes les mesures pour permettre de reprendre normalement les chemins de l’école, à la rentrée prochaine», lance cet enseignant dudit établissement, qui a requis l’anonymat.