Retour au calme à Cap Skirring après les émeutes du 30 mai 2020, les 5 cerveaux de la manifestation ont été libérés avec 6 mois de sursis. Les victimes de la répression violente, en revanche, ont été oubliées par le procureur de la République, qui ne s’est pas saisi de l’affaire : une femme a perdu l’œil, un jeune a été touché à la jambe et un autre à la main par des balles réelles.
L’attitude du sous-préfet de Cabrousse, Alassane Hanne, et ses erreurs d’appréciation face aux événements, méritent des sanctions très rapides. Lorsque la parole de l’autorité préfectorale ne vaut plus pour ceux qui l’écoutent, c’est le fonctionnement de la République qui vacille.
Vu le manque de considération qu’Alassane Hanne témoigne à la population et au représentant politique local, depuis son arrivée, il y a à peine 6 mois, il joue avec la population, pour ne pas se déjuger devant ceux qu’il semble mépriser avant tout. Les populations de la commune de Diembering demandent son retrait immédiat comme une sanction naturelle.
Un exemple: le cas des carrières de sable qui permettent aux populations de construire leurs maisons. Les habitants des communes qui entourent Cap Skirring ont vu les prix augmenter de plus de 40000 F cfa soit 70000 F cfa le camion de sable au lieu de 30000 F cfa : le tarif a plus que doublé, +125% d’inflation ! Autre exemple : l’oubli du port du masque dans la zone, qui est sanctionné a 6000 F cfa, avec 4 reçus, dont un seulement rempli et signé par l’agent de l’Etat, les autres seulement revêtus d’un cachet. Enfin bien sûr la manière dont il a mis en œuvre la répression sanglante des émeutes de la soif de Cap Skirring, où il est seul responsable si les manifestants ont été accueillis par des tirs de balles réelles.
Un sous-préfet, qui n’est pas capable de créer paix et stabilité dans une région, mérite d’être immédiatement relevé de ses fonctions. Les gendarmes qui sont dans la localité, au nombre de vingt, ont eux-mêmes vu leurs vies exposées par le sous-préfet Hanne, lors de ces événements. Et il est totalement invraisemblable que les autorités publiques, sous sa direction, n’aient pris aucune mesure pour venir en aide aux victimes innocentes de cette répression disproportionnée.
C’est au début des années 1990 que la population de Cap Skirring avait entendu, pour la dernière fois, un coup de feu. Une population qui a énormément souffert pendant la crise de la Casamance. Or, elle s’est vue retomber en guerre civile, lors de ces tristes événements. Des hommes, venus en renfort depuis Ziguinchor, ont tiré à balles réelles dans les portes des maisons… Comme pour provoquer la panique. Et plus sûrement la colère.
Sans vouloir nous tromper, sauf si le sous-préfet avait ainsi agi pour appliquer des directives lui venant de l’État, l’heure est aux questionnements. Et la population de Cap Skirring s’adresse naturellement au chef de l’État sénégalais : « Monsieur le Président de la République la Nation peut-elle se sentir en sécurité face des autorités qui leur tire dessus à balles réelles ? La Casamance n’a-t-elle pas assez souffert pendant des années de guerre ? La population n’a-t-elle pas le droit de manifester pour protester contre l’absence d’eau potable ? Pour demander à boire ? Avez-vous oublié vos propres discours, lors de vos visites électorales ?
En nous désolant de la considération que nous recevons et du traitement qui nous est réservé par l’un des sous-préfets que vous avez nommés, nous vous demandons instamment, Monsieur le Président Macky Sall, d’assumer, vous aussi, vos responsabilités et les conséquences de ce choix… En mettant en œuvre une fin accélérée des fonctions à Cap Skirring de Monsieur Alassane Hanne.
Son autoritarisme arbitraire et sa condescendance à l’égard des habitants de Cap Skirring rendent aujourd’hui impossible toute concertation, sur des sujets qui pourtant réclament écoute mutuelle et dialogue ».