Candidat de l’ex-Pastef en remplacement de Ousmane Sonko recalé, Bassirou Diomaye Faye passe pour l’un des grands favoris de la Présidentielle du 24 mars 2024. Bénéficiant de la grande popularité de son leader, ses chances de succéder à Macky Sall ne sont pas négligeables.
Il était jusque-là le secrétaire général et numéro 2 du parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Mais, il était bien rangé derrière son chef, Ousmane Sonko dont il était l’homme de confiance. Les deux hommes ont d’ailleurs le même profil professionnel, puisqu’ils sont tous deux inspecteurs des impôts sortis de l’École nationale d’administration (ENA) et qu’ils se connaissent depuis plusieurs années. Ils ont tous les deux un passé syndical. Bassirou Diomaye Faye a été secrétaire général du Syndicat des agents des impôts et domaines (SAID) fondé par Ousmane Sonko en 2006. Ensemble, ils ont créé le Pastef en 2014, parti dont Bassirou Diomaye Faye deviendra le secrétaire général.
Être au bon endroit au bon moment
Rien ne prédestinait Bassirou Diomaye Faye à la candidature à l’élection présidentielle 2024 au Sénégal. Après sa brillante première participation à la Présidentielle de 2019 où il est sorti troisième avec près de 16% des suffrages exprimés, Ousmane Sonko apparaissait comme un très sérieux prétendant à la succession de Macky Sall, en 2024. Surtout que sa popularité a grimpé au fil des années. Mais, les démêlés judiciaires d’Ousmane Sonko l’ont rendu inéligible. Et alors se posait à lui un petit dilemme : ne pas participer au scrutin ou désigner un dauphin. Pour le maire de Ziguinchor, le choix ne fut pas difficile. Qui, mieux que son bras droit et ami de longue date, qui plus est secrétaire général du Pastef, pouvait être son alter ego ? Bassirou Diomaye Faye est donc devenu le plan B du leader du Pastef.
Une décision qu’il a lui-même prise et qu’il justifie. « Bassirou, c’est moi », se plaît-il à dire. « Mon choix sur Diomaye n’est pas un choix de cœur mais de raison. Je l’ai choisi parce qu’il remplit les critères que j’ai définis. Il est compétent et a fait la plus prestigieuse école du Sénégal. Après presque 20 ans aux Impôts et Domaines où il a abattu un travail exceptionnel, personne ne peut dire qu’il n’est pas intègre. Je dirais même qu’il est plus intègre que moi. Je place le projet entre ses mains », explique Ousmane Sonko. Celui qui, au départ, ne s’imaginait même pas en politique se trouvait ainsi au bon endroit au bon moment. « Je suis un candidat de substitution parce que c’était notre manière d’imposer notre présence dans cette joute électorale », a reconnu Bassirou Diomaye Faye, lui-même.
Un choix accepté dans le parti
Au sein du parti, ce choix d’Ousmane Sonko est également bien perçu : « Diomaye mooy Sonko, Sonko mooy Diomaye », est devenu le mot de passe. Ce qui, en français veut dire : « Diomaye c’est Sonko, Sonko c’est Diomaye ». Pour le chargé de la formation au sein de l’ex-Pastef, Moustapha Sarré, Sonko et Faye « sont deux faces d’une même pièce avec deux styles différents. Le charisme d’Ousmane est inégalable, mais le charme et la perspicacité de Diomaye font sensation ». D’ailleurs, les cadres du parti reconnaissent unanimement Bassirou Diomaye Faye comme un des artisans, un des maîtres à penser du projet Pastef. Un projet qu’il peut donc valablement défendre. C’est d’ailleurs ce que clame El Malick Ndiaye, porte-parole du candidat de l’ex-Pastef : « Diomaye a les épaules assez larges pour piloter le projet. Il a travaillé sur les dossiers techniques. Il a dirigé les cadres. Il est l’artificier du projet ».
Avec de grands noms de cette Présidentielle comme Amadou Ba, Idrissa Seck et Khalifa Sall, Bassirou Diomaye Faye marche dans le quatuor de tête de ce scrutin. L’alter ego d’Ousmane Sonko a de réelles chances d’être porté en triomphe par les Sénégalais. Président par défaut ? En tout cas, tout porte à croire que le secrétaire général du Pastef a un destin d’homme d’État, que dis-je, un destin de Président. Surtout qu’il vient de bénéficier du soutien d’un des partis majeurs de l’échiquier politique sénégalais : le PDS de Me Abdoulaye Wade. De quoi faire craindre à ses challengers une véritable razzia, dimanche prochain.