Le sort de Bah Diakhaté et de l’Imam Ndao est scellé, ce lundi. Ainsi, après leur comparution devant le juge pour le verdict final dans l’affaire qui les oppose à l’État sénégalais, principalement au Premier ministre Ousmane Sonko. Les deux hommes ont écopé de trois mois de prison ferme pour avoir reproché au chef du gouvernement d’avoir évoqué la tolérance envers les personnes homosexuelles.
Rappelons que les deux hommes sont accusés de diffusion de fausses informations et d’atteinte à l’honneur d’une personne exerçant au plus haut niveau des responsabilités étatiques. A la suite de la visite au Sénégal de Jean-Luc Mélenchon, ils avaient attaqué le gouvernement d’avoir fait preuve de tolérance avec les défenseurs des droits des homosexuels. Des propos, jugés offensants et qui avaient conduit à leur arrestation, le 23 mai dernier. Les deux hommes avaient par la suite été interrogés le 27 mai.
Lors de leur précédente comparution devant le juge, les deux accusés avaient nié toutes les accusations portées contre eux. L’audience de ce lundi était particulièrement attendue. Les accusations contre Bah Diakhaté et l’Imam Ndao ont été retenues par le juge puisqu’ils poursuivront leur séjour en prison. Cette affaire a suscité beaucoup de polémique au Sénégal. De nombreux citoyens se sont mobilisés pour soutenir les deux accusés, y compris des membres de la société civile et de l’opposition politique.
État de la liberté d’expression
Certains ont dénoncé une « justice aux ordres » et une volonté de museler la liberté d’expression. D’autres avaient appelé à un procès juste et équitable. Le verdict de ce lundi était donc scruté de près par tous les Sénégalais, du pays comme de la Diaspora. Il donne une indication sur l’état de la liberté d’expression au Sénégal et sur le fonctionnement de la justice dans le pays. Surtout avec l’avènement de nouveaux dirigeants attendus pour incarner la rupture.
Signalons que d’ores et déjà, le doute s’installe dans les esprits s’agissant de la propension du duo Diomaye-Sonko, respectivement président de la République et Premier ministre, à présider aux destinées des Sénégalais. Arrivé au pouvoir le 2 avril dernier, le nouveau chef de l’État du Sénégal est porteur d’un grand espoir de changement, après le passage de Macky Sall dont la gestion de la chose publique a été fortement décriée.
« Se focalisent sur les priorités des Sénégalais »
Moins de deux mois après leur prise de fonction, Ousmane Sonko et son ancien dauphin devenu son supérieur ont entamé des combats judiciaires ayant mené des citoyens à la case prison. Une situation conflictuelle loin des attentes des Sénégalais, comme le rappelle Ablaye Diop, maçon. « On attend du nouveau régime qu’il règle les difficultés que rencontrent les familles dans le désarroi, en lieu et place de lancer la traque contre des citoyens lambda », confie le quadragénaire.
« S’il faut lancer des poursuites, c’est plus vers les pontes de l’ancien régime accusés de corruption et autres malversations que Diomaye et son gouvernement devraient les diriger. Mais se dresser contre les premiers citoyens qui ont lancé des attaques, je pense que c’est plus de la diversion. Que Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko se focalisent sur les priorités des Sénégalais », conclut le maçon.