Réagissant à la mort d’une adolescente et aux affrontements entre les forces de l’ordre et des habitants du quartier Ngor à Dakar, Ousmane Diallo, chercheur au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, est monté au créneau.
“Amnesty International dénonce l’usage excessif de la force par la gendarmerie à Ngor, lors de la journée du 9 mai et durant les manifestations précédentes dans ce quartier. Amnesty International rappelle que, conformément au droit international, l’usage de la force lors du maintien de l’ordre doit être strictement nécessaire et proportionnel, et que l’utilisation des armes à feu est interdite sauf en cas de danger imminent de mort ou blessure grave ».
Depuis mi-avril, des habitants de Ngor manifestent à propos de l’utilisation d’un domaine foncier. Amnesty International a visionné plusieurs vidéos et images où l’on voit des gendarmes faire preuve d’usage excessif de la force contre des manifestants, tirant par balles dans leur direction, et tirant des grenades lacrymogènes dans des endroits clos. Dans certaines vidéos, les gendarmes peuvent être vus en train de frapper des personnes arrêtées et menottées, ou en train d’utiliser des individus comme boucliers humains pour progresser dans un quartier où la mobilité a été entravée par plusieurs barricades »
« Nous appelons les autorités à enquêter sur l’usage des armes létales par les forces de l’ordre à Ngor ce 9 mai et lors de précédents incidents. Les autorités doivent notamment poursuivre et juger les responsables de la mort de 14 personnes dont 12 personnes tuées par des tirs des forces de sécurité lors de manifestations de mars 2011 », a déclaré Ousmane Diallo.
Complément d’information
L’origine des manifestations découle d’un conflit foncier autour de l’utilisation d’un domaine de 6300 m2 dans la commune de Ngor. Alors que les habitants désirent y bâtir un lycée, les autorités ont le projet d’y ériger une caserne de gendarmerie.
Le 9 mai, le quartier de Ngor a été bouclé au matin par les gendarmes qui limitaient tout accès, et toute sortie pour les habitants. Au cours de cette journée, les gendarmes ont procédé à des tirs par balles sur des manifestants, selon des témoignages recueillis par Amnesty International et des vidéos visionnées. Selon des témoignages, une adolescente de 15 ans a été tuée par balle alors que les autorités ont annoncé qu’elle aurait été touchée à la tête par l’hélice d’une pirogue.