Au Sénégal, une décision du ministère de la Communication concernant la régulation des médias a provoqué un vif débat. Selon la liste récemment publiée, 71 % des 380 médias enregistrés ne respectent pas le Code de la presse, suscitant des tensions entre les autorités et les professionnels du secteur.
La récente publication d’une liste officielle des médias conforme au Code de la presse a suscité une vive controverse. Selon le ministère de la Communication, seuls 112 des 380 médias enregistrés sur la plateforme « Déclaration Médias au Sénégal (DMS) » respectent les normes en vigueur. Cela représente 29 % des organes de presse. En revanche, 71 % des médias (soit 268 organes) sont en situation irrégulière. Elles ne respectent pas les normes imposées par le cadre réglementaire sénégalais. Cette décision présentée comme un effort d’assainissement du paysage médiatique, suscite des réactions contrastées entre autorités et acteurs du secteur.
Un paysage médiatique en quête de régulation
Le ministère de la Communication, dirigé par Alioune Sall, a récemment révélé une liste des médias autorisés à opérer au Sénégal. Parmi eux :
- 10 téléviseurs ;
- 17 radios généralistes ;
- 11 radios communautaires ;
- 6 radios commerciales ;
- 14 journaux écrits ;
- 54 sites d’information en ligne ;
- et 7 Web TV.
Cette sélection a été réalisée conformément au Code de la presse et exige notamment une expérience minimale de 10 ans pour les directeurs de publication et de 7 ans pour les rédacteurs en chef. Toutefois, les médias non conformes disposent de 72 heures pour régulariser leur situation sous peine de suspension et de perte de privilèges tels que la publicité et les subventions publiques.
Une initiative contestée par les professionnels des médias
Cette démarche n’a pas manqué de faire réagir les acteurs du secteur. Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS), a déclaré ce qu’il perçoit comme une tentative de musulmanement des médias. Selon lui, la publication de cette liste va à la rencontre de l’article 11 de la Constitution, qui garantit la création de médias sans autorisation préalable.
Il estime que le rôle du ministère se limite à identifier les entreprises éligibles aux subventions et non à valider leur existence légale. Cette initiative administrative est jugée comme une menace pour les médias indépendants, avec une promesse de bataille juridique contre les arrêtés ministériels en question.
Des efforts pour développer la presse, selon l’État
De son côté, le ministre Alioune Sall défend cette mesure comme un moyen d’assainir et de professionnaliser le secteur. Une enveloppe de 4 milliards de FCFA a été allouée au développement des médias, dont 2 milliards réservés au fonds d’appui à la presse. L’objectif est d’accompagner les entreprises respectant les critères légaux tout en élévant le niveau de qualité et de contenu.
Ce débat révèle les tensions entre la nécessité d’une régulation pour éviter le chaos médiatique et la protection de la liberté de presse. Si l’État défend une vision de développement structuré, les professionnels redoutent un contrôle excessif menaçant leur indépendance.