L’ancien ministre d’Etat, Karim Wade a finalement reçu vendredi sa mise en demeure verbale auprès du procureur. Dans le dossier des biens mal acquis, on accuse le fils ainé de l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, d’être le propriétaire de plusieurs sociétés et d’avoir rempli ses comptes de milliards de francs CFA, et ce en douze ans seulement.
(De notre correspondant)
Karim Wade, dont les partisans craignaient son arrestation vendredi, est ressorti de son face à face avec le procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), libre. Voulant faire une déclaration devant la presse, il s’est vu intimé l’ordre par les policiers de quitter les lieux, en compagnie de ses avocats. Les deux minutes de retard ont coûté à ces derniers des coups de grenade lacrymogène. Ceux qui ont voulu se rebeller ont été bien corrigés par les policiers qui en blesseront un. Farba Senghor, le propagandiste libéral a été rudoyé et c’est finalement au domicile de Abdoulaye Wade, dans le quartier point E non loin de la Crei, que les avocats du fils de l’ancien président sénégalais se sont concertés, avant de tenir une déclaration commune.
Karim Wade pèse entre 694 et 700 milliards FCFA
Selon Me Amadou Sall, on accuse leur client d’avoir acquis illicitement près de 700 milliards de francs FCA, sur le dos des Sénégalais. « Il est reproché à Karim d’être le propriétaire des sociétés comme : Dubaï Port World (estimé à 391 milliards de francs CFA), la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE), AHS Sénégal, AHS Niger, AHS Jordanie, AHS Ghana, de l’aéroport de Malabo, en Guinée-Équatoriale et de plusieurs sociétés civiles créées dans ce pays depuis quelques années. Des avoirs qui se chiffrent à plus de 694 milliards de francs CFA, en plus de la maison d’Abdoulaye Wade située dans le Point E, qu’il posséderait depuis des années, raison pour laquelle il aurait reçu sa mise en demeure ». Le défenseur du fils de l’ancien président sénégalais a, par ailleurs, précisé que « la montagne a accouché d’une souris » car, aucun franc n’a été trouvé dans un compte à l’étranger, malgré la mise en contribution de la Grande-Bretagne, de la France et des Etats-Unis.
Selon une source proche de la Crei, Karim Wade est considéré comme un actionnaire de l’aéroport de Malabo, en Guinée-Equatoriale, et non son propriétaire. Cet aéroport a été construit par l’ancien conseillé du président Wade, l’architecte Pierre Atepa Goudiabys. A en croire les avocats de Wade-fils, les enquêteurs n’ont pas trouvé de comptes lui appartenant à l’étranger, alors qu’on lui attribuait des comptes bien listés et plusieurs sociétés civiles, sans compter des immeubles à Dakar, en France et au Canada. Selon la défense de Karim Wade, la fortune illicite de leur client estimée à 700 milliards de francs CFA reste donc à prouver.
Cette fortune équivaut au budget de quatre grands ministères. Le chiffre a effrayé les Sénégalais. Car cette somme que le Procureur auprès de la cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) a estimé être la fortune de Karim Wade équivaut à quatre ministres jugés stratégiques : de la Santé, avec 123 milliards 692 millions, de l’Energie, 89 milliards 177 733 080, de l’Agriculture 132 milliards 580 millions et celui de l’Education nationale estimée à 352 543 708 520 francs CFA. Ces ministres regroupés totalisent une manne financière estimée à 697 993 441 600 francs CFA.
Karim Wade accusé par ses proches
Karim Wade aurait été confondu par l’audition de ses proches dont Cheikh Diallo, Président du groupe de presse CD-Media ; Vieux Aidara, directeur de la télévision privée Canal infos News et Madior Sylla, ancien présentateur de la télévision nationale et chargé de la communication du fils de l’ancien président sénégalais et du milliardaire Ibrahima Khalil Bourgi dit Bibo, et d’Abass Jaber, directeur de la société nationale de la commercialisation de l’arachide. Son ami, Patrick Williams a également été entendu par les éléments de la brigade de recherche. Toutes ces personnes auraient fourni de précieuses informations à la gendarmerie transmises ensuite à la Crei.
Le fils de Abdoulaye Wade n’a maintenant que trente jours pour prouver l’origine licite de sa fortune colossale.