A la veille du 70ème anniversaire du massacre de Thiaroye, le 1er décembre 1944, les présidents français et sénégalais Macky Sall et François Hollande ont inauguré dimanche un mémorial au cimetière de Thiaroye, où des tirailleurs sénégalais, réclamant le paiement de leur solde, ont été massacrés par les forces coloniales françaises. Pour le président français sa présence dans la banlieue de Thiaraoye était l’occasion de réparer l’injustice de la France.
Le massacre de Thiaroye a ce lundi jour pour jour 70 ans. Ce jour-là, le 1er décembre 1944, 1 600 tirailleurs sénégalais sont rassemblés au camp de Thiaroye. De retour d’Europe, ils avaient participé, en première ligne, à la guerre avant d’être fait prisonniers par les nazis, ils réclamaient naturellement le paiement de leur solde de captivité. Mais la revendication tourne vite au drame. Ils sont massacrés à coup de mitraillettes par les forces coloniales, qui choisissent de résoudre la question en ouvrant le feu sur les 1 600 soldats rassemblés dans le camp de Thiaroye. Selon la version officielle, il s’agit d’une mutinerie, qui a poussé l’armée française à se défendre. Bilan officiel : 35 morts. Et 35 rescapés, désignés arbitrairement comme meneurs du mouvement, sont condamnés à plusieurs années de prison, privés de solde, ou dégradés.
« Je voulais réparer une injustice »
A la veille du 70ème anniversaire du massacre de Thiaroye, à l’issue du 15ème sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie, les présidents français et sénégalais, Macky Sall et François Hollande, ont inauguré dimanche un mémorial au cimetière de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. L’occasion de réparer une injustice, selon le président français : « Je voulais venir ici, à Thiaroye. Je voulais réparer une injustice et saluer la mémoire d’hommes qui portaient l’uniforme français et sur lesquels les Français avaient retourné leurs fusils, car c’est ce qui s’est produit. Ce fut la répression sanglante de Thiaroye », a déclaré François Hollande. « Les évènements qui ont eu lieu ici en décembre 1944 sont tout simplement épouvantables, insupportables », a dit François Hollande lors de la cérémonie d’hommage. Il a évoqué les chiffres évoqués par « les rapports officiels » de l’époque, en reconnaissant qu’ils demeuraient toujours sujet à controverse.
« La France n’oubliera jamais ce qu’elle doit à l’Afrique »
François Hollande a également rappelé « la dette de sang qui unit la France à plusieurs pays d’Afrique dont le Sénégal », assurant que « la France n’a pas oublié et n’oubliera jamais ce qu’elle doit à l’Afrique ». « Nos aïeux se sont battus côte à côte, c’est pourquoi c’est encore plus pénible de faire le constat des évènements de Thiaroye », a affirmé le président français. Selon lui, « c’est la raison pour laquelle j’avais promis la création d’un musée dans ce lieu de mémoire inauguré vendredi, j’avais également promis que la France remettrait une copie de l’intégralité des archives sur cette affreuse tragédie de Thiaroye, ce qui a également été fait vendredi ».
De son côté, le dirigeant sénégalais Macky Sall a salué l’initiative de la France et François Hollande pour avoir tenu la promesse faite lors de sa visite à Dakar en 2012. « Nous sommes ici sans ressentiment, je voudrais le dire au nom du peuple sénégalais, pour reconnaître et rappeler notre histoire commune afin que vive la mémoire des tirailleurs et qu’elle soit préservée de l’oubli et de l’usure du temps ».