Le ministre sénégalais de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, de même que celui de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, se sont rendus, ce jeudi 26 mai, en début de soirée, à l’hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh de Tivaouane, dans l’Ouest du Sénégal, où onze bébés ont péri dans un incendie. Le drame a eu lieu dans la nuit de ce mercredi 25 mai 2022.
A Tivaouane,
Un drame de plus au Sénégal où onze bébés ont péri dans un incendie. Dans un tweet posté cette nuit, le Président sénégalais, Macky Sall, a annoncé avoir appris «avec douleur et consternation, le décès de onze nouveau-nés dans l’incendie survenu au service de néonatalogie de l’hôpital… A leurs mamans et à leurs familles, j’exprime ma profonde compassion». Pour sa part, Demba Diop, maire de Tivaouane, a annoncé que «trois bébés ont été sauvés». Le ministre sénégalais de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, qui, au moment du drame, était à Genève, en Suisse, où il prenait part à une réunion de l’Organisation mondiale de la Santé, est arrivé sur les lieux du sinistre, ce jeudi, un peu avant 17 heures.
Moins d’une heure plus tard, son collègue de l’Intérieur, Antoine Félix Diome est aussi annoncé à l’hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh. Le patron de la Santé a fait un état des lieux et partagé la douleur avec les familles éplorées de même que certains personnels encore sous le choc de ce qui venait de se produire. Non sans confier qu’une enquête était ouverte pour situer les responsabilités. Jusqu’au miment où nous mettons sous presse, les abords de l’hôpital sont bondés de monde. «Nous sommes venus soutenir nos parents qui ont perdu leurs enfants». Parmi ces personnes éplorées, une femme, qui aurait donné naissance à des triplés dont deux ont pu être sauvés, mais l’un des bébés aurait hélas péri dans l’incendie.
Sur Twitter, Seydi Gassama, responsable de la section sénégalaise d’Amnesty International, a exhorté le gouvernement à mettre en place une commission d’enquête indépendante pour situer les responsabilités et sanctionner les coupables. Selon des riverains, «cet accident aurait pu être évité. Le maintenancier n’est pas qualifié. Il s’agit d’un certain Niasse, qui, à l’origine, est un plombier. Et c’est lui qui s’occupe des conduites de gaz à l’hôpital». Un autre riverain5 confie que «l’emplacement des bonbonnes de gaz de ce centre hospitalier n’est pas bon, car non loin, se trouve un lieu de rassemblement. Ce qui expose ces gens au danger».
A l’origine de ce drame, un incendie. Provoqué par quoi ? Nul ne peut le dire avec exactitude. Certains évoquent le gaz alors que d’autres parlent de court-circuit électrique, «dans un bâtiment réceptionné, il y a quelques mois. Cela veut dire qu’il y a problème au niveau des travaux», lance cet autre habitant de la ville, qui n’a pas manqué de pointer du doigt «la gestion des chantiers de l’hôpital confiée à des personnels non ou peu qualifiés». En tout cas, sur place, Afrik.com a pu constater que l’un des extincteurs avait dépassé sa date d’expiration, août 2020, confirmant les propos d’un riverain : «même les extincteurs n’étaient pas fonctionnels pour tenter de contenir le feu. Monsieur, je vous dis que dans cet hôpital, c’est le désordre total».
L’enquête ouverte nous en dira certainement davantage. Pour l’heure, les populations de la ville religieuse de Tivaouane, située à environ 120 kilomètres de Dakar, sont partagées entre colère et peine, de voir onze âmes aussi sensibles quitter ce monde de si tôt. Elles partagent aussi la peine de cette mère qui a perdu un de ses triplés. Une autre affaire qui interpelle, après la mort, il y a quelques semaines, de la dame Sokhna Astou, à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga (Nord du Sénégal, à 74 kilomètres de Saint-Louis), alors qu’elle donnait naissance à un bébé qui lui aussi est décédé. Une affaire qui avait fini sur la table du juge avec des condamnations à des peines de prison assorties de sursis.
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