En Afrique centrale, les hommes raffolent du sex-appeal des femmes poilues. Ces dernières font d’ailleurs beaucoup d’envieuses. Toutefois, les préjugés qui circulent sur leur forte pilosité et les critères de beauté occidentaux incitent les femmes velues à s’épiler.
Femme à poil, femme fatale. En Afrique centrale, la gent féminine ne traque pas les poils comme ses homologues ouest-africaines ou occidentales. Mieux, elle les exhibe car l’hyper-pilosité n’est pas perçue comme une caractéristique physique repoussante. Au contraire. Les femmes velues comme des hommes ont la cote. Au cours de ses voyages, Mahamoudou, un Burkinabé d’une quarantaine d’années, a observé que beaucoup de femmes vivant dans les pays côtiers (Togo, Ghana, Bénin, Côte d’Ivoire,…) étaient poilues. « Mes voyages m’ont permis de comprendre que ça n’a rien d’exceptionnel, explique-t-il. Je n’hésite pas à fréquenter une femme poilue si le cœur m’en dit. Mais je ne voudrais pas d’une femme barbue ».
Jamais sans mes poils
Mettre ses poils en valeur est très tendance dans certains pays africains. Les décolletés qui laissent apparaître un duvet soyeux ou les tee-shirts courts qui dévoilent un nombril entouré de poils font fureur. « Les hommes convoitent beaucoup les femmes qui ont des poils bien couchés sur la peau du corps», explique Roseline, une jeune congolaise de 29 ans. Un atout de séduction, donc, et d’attraction. « J’ai l’impression que les hommes m’écoutent réellement lorsque je leur parle », constate Corinne, une Burkinabé de 27 ans, dont quelques poils poussent sur le menton. Une particularité génétique qu’elle partage avec sa mère.
Qui dit patrimoine génétique, dit pas de traitement miracle. Mais encore faut-il vouloir réduire sa pilosité. Il y a fort à parier que les femmes ne se laisseraient pas tenter par une épilation définitive, même si la technique était au point pour les peaux noires. « Très peu de femmes viennent consulter à cause de leur hyper-pilosité. Le poil est devenu un critère de séduction à part entière », souligne Alain-Patrice Meledie Ndjong, dermatologue-vénérologue à l’Hôpital général de Douala, au Cameroun. A tel point que les femmes peu velues souhaitent voir leurs membres se couvrir de poils. Certains hommes courent après les bras et les jambes pileux. Au grand dam de ces dames imberbes, qui n’ont aucun moyen d’accroître leur pilosité.
Chasse au poil
De quoi contraster avec ces femmes qui cherchent à se débarrasser d’une toison qu’elles jugent disgracieuse. Surtout lorsqu’elle pousse dru. Certaines l’arrachent, d’autres la coupent aux ciseaux ou la rasent, ailleurs elles se tournent vers les crèmes dépilatoires. Car pour peu que le poil ne soit pas vu comme un don de Dieu ou la conservation d’un héritage culturel, les femmes poilues jouiront d’une mauvaise réputation. « Dans la religion animiste, elles sont assimilées à des sorcières. C’est pourquoi à Blitta (village du centre du Togo, ndlr), on les a longtemps chassées. Aujourd’hui, elles sont mieux acceptées », raconte Merveille, une jeune Togolaise de 17 ans. Autres préjugés : les femmes velues sont perçues pêle-mêle comme « faciles », « nymphomanes », « stériles » ou encore « peu soucieuses de leur aspect physique ».
Le changement progressif des critères de séduction amène les femmes à s’épiler. « L’influence du monde du mannequinat et des concours de Miss prend de l’ampleur. Les femmes âgées de 18 à 35 ans veulent de plus en plus ressembler aux occidentales. Mais je dirais que 80% des Congolaises gardent leurs poils », estime Roseline. Et mieux vaut attendre d’avoir quitté le foyer familial pour acheter de quoi lutter contre les poils. « Si une jeune fille revient de ses études à l’étranger avec une mousse à raser, elle risque de provoquer un scandale. Elle pourrait être accusée d’agir de cette façon pour plaire à un amant blanc », souligne la jeune Congolaise. Conclusion : avec ou sans poils, on ne fait jamais l’unanimité.
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