L’Algérie a-t-elle pesé de tout son poids pour contrarier le gouvernement français, sur la question du Sahara ? En effet, à l’Assemblée nationale hier mardi, le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune, a dit « regretter » l’ouverture d’une antenne de LREM à Dakhla, tout en réaffirmant le soutien de la France au processus onusien, en ce qui concerne le dossier sur le Sahara Occidental.
Ce qui devait être un bon coup politique à l’approche des élections consulaires, s’est avéré un casse-tête diplomatique pour la France. L’antenne au Sahara récemment ouverte par le parti « La République en Marche » du Président Emmanuel Macron était au centre d’un débat à l’Assemblée nationale française, hier mardi. Lors de cette séance, le député Jean-Paul Lecoq, du Parti communiste français (PCF) a qualifié de « honteuse » la création par LREM de cette section à Dakhla. Une création qui « n’a pu se faire sans l’accord peut-être même à la demande de l’Exécutif », a-t-il fustigé.
Décrivant une « permanence politique française au cœur d’un territoire non autonome », Jean-Paul Lecoq a ainsi puisé dans l’arsenal du Front Polisario et de l’Algérie pour qualifier le Sahara de territoire « occupé par un pays colonisateur ». « Cela illustre malheureusement l’époque que nous vivons où des chefs d’Etat, de Trump à Macron, de Natanhayou à Mohammed VI, pensent agir en toute impunité en s’asseyant sur le droit international et en crachant sur les résolutions des institutions officielles comme l’ONU ou la Cour Européenne de Justice pour faire prévaloir leurs propres intérêts », dénonce-t-il.
Jean-Paul Lecoq a accusé le Maroc de « tortures pratiquées sur les prisonniers politiques sahraouis » et de « répressions exercées contre la population sahraouie vivant au Sahara Occidental ». Il a également critiqué le « soutien aveugle » de Paris à Rabat. « La France est complice de la poursuite du peuplement marocain, de l’ouverture au business et l’exploitation systématiques de ces ressources », a-t-il dit. Le député communiste a interrogé le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes si la France « soutiendra la demande » du Polisario d’obtenir un siège à l’ONU dans dix jours pour « retrouver le chemin de la justice ».
Réagissant aux remarques du député communiste, le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune a argué une « initiative prise localement », ajoutant qu’il la « regrette ». « Elle ne change en rien la position de la France sur cette question hautement sensible », a-t-il fait savoir, tout en rappelant que « le conflit du Sahara Occidental est encore un risque permanent de tension ». Il a donc estimé que « l’ensemble de cette situation rappelle l’urgence d’une seule voie possible : celle de la reprise du processus politique ».
« C’est cette voie que défend la France. La France appelle au calme, reste attachée et engagée pour la recherche de cette solution politique dans le cadre de la légalité internationale et dans le cadre des Nations Unies », assure-t-il. « Nous encourageons aussi, dans ce cadre, le secrétaire général des Nations Unies à nommer sans attendre un nouvel envoyé personnel pour permettre cette reprise des discussions. C’est cette ligne que défendra la France, à nouveau, au Conseil de sécurité, le 21 avril prochain », a conclu Clément Beaune.
Pour rappel, l’annonce de l’ouverture d’une antenne à Dakhla par le parti « La République en Marche » du Président Emmanuel Macron a provoqué la colère des autorités algériennes, au point d’annuler à la dernière minute le déplacement, prévu dimanche, du Premier ministre français, Jean Castex, à Alger.