La police de l’Etat nigérian d’Anambra (Est) a fait une découverte macabre dans des forêts situées près du village d’Okija. Une cinquantaine de corps en décomposition, dont certains décapités, y ont été retrouvés. D’aucuns estiment qu’il s’agit de l’œuvre d’une secte de la région. Mais les interprétations du drame divergent.
Des corps, des morceaux humains et des crânes. Un raid dans des lieux de culte d’une secte nigériane a permis de découvrir, mercredi dernier, une cinquantaine de cadavres et quelque vingt crânes dans les forêts près du village nigérian d’Okija (Etat d’Anambra, Est). Certains des corps trouvés étaient en état de décomposition, mais d’autres étaient encore « frais » ou partiellement momifiés. Selon les forces de police, ce sont des membres de la secte d’Alusi Okija (nom qui combine celui d’un dieu pratiquant l’oracle et celui de la ville) qui aurait assassiné les victimes. Mais en l’absence de preuves concrètes, il reste difficile d’assurer la culpabilité des maîtres des lieux de cultes.
Quelques corps se trouvaient dans des cercueils, alors que d’autres ont été décapités. « Des hommes d’affaires et des fonctionnaires » figurent, selon le journal canadien Matin, parmi les victimes. S’agit-il d’un meurtre rituel de la secte incriminée ? C’est ce que semblent croire les enquêteurs, qui estiment que certaines personnes, toutes adultes, ont été empoisonnées. Reste à savoir par qui. Selon le Daily News, le rituel de la secte d’Alusi Okija se déroule avec des autels installés dans la salle de séjour des adeptes, décorés de statues de dieux et des dessins de crânes réalisés à la craie. Le culte met en présence des personnes en litige. Pour déterminer si quelqu’un a menti, provoquant ainsi le problème, les parties doivent boire une potion ne devant tuer que celui qui ne disait pas la vérité. La mort serait le châtiment divin qui s’abat sur ceux qui ont menti dans l’enceinte du lieu sacré.
Dieux ou leaders religieux : qui est coupable ?
Ce qui fait penser à certains que les prêtres en charge des lieux ne sont pas responsables des morts. Selon eux, les religieux mettent au courant les adeptes des risques qu’ils prennent et les laissent ensuite agir comme bon leur semble. En connaissance de cause. Et gare à ceux qui s’aviseraient de vouloir récupérer le corps des défunts, qui n’ont pas respecté la règle. Car, selon la croyance expliquée par le quotidien nigérian Vanguard, le mort appartient à l’esprit du lieu de culte et celui qui veut le prendre pourrait mourir, et d’autres après lui, jusqu’à ce que le corps soit ramené.
La théorie ne semble pas convaincre les policiers, même avec un manque de preuves. D’aucuns avancent que la boisson n’était peut-être pas dangereuse, mais que les religieux ont ordonné à des agents d’empoisonner plus tard leur nourriture. Les forces de l’ordre ont par ailleurs découvert un registre où le nom de plusieurs victimes apparaît. Mais elle a mis sous les verrous une trentaine d’adeptes de la secte, dont deux leaders religieux, appréhendés dans deux lieux de culte différents. Des crânes ont été retrouvés chez certains des suspects, mais aussi chez des rescapés du rituel. Les recherches se poursuivent. L’inspecteur général de la police a d’ailleurs lancé une enquête nationale sur les pratiquants de la magie noire pour éviter d’autres épisodes macabres comme celui d’Okija.