L’Afrique des rites funéraires et initiatiques s’expose jusqu’au mois de juillet au Musée Dapper à Paris. Pour percer le mystère des figures de reliquaires ou des statuettes blolo bian, l’Afrique secrète est prête à se dévoiler.
Afrique secrète. Secrète, car les oeuvres exposées au Musée Dapper ne se donnent pas si facilement au premier regard. Quel est le rôle des figures de reliquaire ? Quel est le langage des masques ? Parce-que ces oeuvres ne se révèlent bien souvent qu’aux chercheurs, le Musée Dapper a décidé de les faire connaître – et comprendre – au grand public. De les mettre en lumière, comme il sait si bien le faire. Une fois de plus, la scénographie de l’exposition est remarquable, servant d’écrin à une centaine de pièces provenant toutes du Musée.
La première partie de l’exposition regroupe les figures de reliquaires, gardiens des reliques. Ces tombeaux » portatifs « , adaptés au mode de vie migratoire des peuples kota ( Nord du Gabon, Sud du Congo) contenaient des crânes, des vertèbres, des os longs mais aussi des morceaux de cuivre. Beaucoup des figures de reliquaires sont présentées sans leur réceptacle accueillant les reliques. Difficile, il est vrai de donner ou de vendre les os du grand-père…
Kafiguélédio et blolo bian
Au Congo, chez les Mbédé ou les Ambété, ce sont les corps des statues qui font office de réceptacles : les statues mbédé possèdent dans le dos une cavité munie d’une porte à l’intérieur de laquelle étaient déposés des ossements de chefs. Alors qu’au Cameroun, les Bangwa possédaient des statuettes commémoratives, le groupe Kuba (République Démocratique du Congo) ensevelissait ses morts dans des tissus fabriqués selon la technique du velours.
La deuxième partie de l’exposition s’ouvre avec le kafiguélédio, représentation d’un esprit occulte qui juge et punit. Et se poursuit avec les statues mbotumbo des Baoulé de Côte d’Ivoire, de formes zoomorphes et dotées d’une puissance surnaturelle. Suivent des figures d’autel, des cuillères cérémonielles et des statuettes blolo bian. Chez les Baoulé, l’homme et la femme possèdent un conjoint dans l’autre monde, qui se manifeste notamment dans les rêves et peut causer des troubles dans la vie réelle. Pour apaiser, mais aussi obtenir bienfaits et protection de la part de ce conjoint, la femme fait sculpter une statuette blolo bian qu’elle honorera.
Accessoires rituels, masques blancs (couleur liée à la mort), univers Dogon… de l’Afrique équatoriale à l’Afrique de l’Ouest, avec cette exposition, les rites funéraires africains dévoilent tous leurs secrets.
Afrique secrète, du 13 février au 21 juillet 2002 au Musée Dapper, 35, rue Paul Valéry – 75116 Paris. Du mercredi au dimanche de 11h à 19h.
