Alors que la Commission électorale indépendante (CENI) a statué mercredi sur la date du second tour de la présidentielle, prévue désormais le 10 octobre prochain, la classe politique reproche au nouveau président de la Céni sa partialité. Désigné le 22 septembre à la tête de la commission, Louncény Camara est déjà mis en cause par l’ancien Premier ministre guinéen, Sydia Touré, qui l’accuse de militer pour le candidat Alpha Condé. Des accusations qui pourraient compromettre les prochaines élections.
La Guinée pourrait être bientôt fixée sur son sort. La Commission électorale indépendante (Céni) a demandé mercredi que le second tour de la présidentielle, initialement prévu le 19 septembre, soit organisé le 10 octobre prochain. Cette nouvelle date, révélée par le responsable du calendrier au sein de la Céni, Boubacar Diallo, devra être approuvée par le gouvernement de transition guinéen.
Cette annonce intervient dans un climat politique tendu. L’ancien Premier ministre guinéen Sidya Touré, partisan du candidat Cellou Dalein Diallo aux élections, a récusé l’élection du syndicaliste Louncény Camara à la tête de la Commission électorale, suite au décès de Ben Sékou Sylla. Il l’accuse de militer pour l’autre candidat, Alpha Condé. « L’élection de M. Camara est un non évènement, une décision illégale qui s’est tenue nuitamment en l’absence de plusieurs membres de la Céni, notamment de la présidente intérimaire de la Commission Hadja Aminata Mame Camara », a déclaré devant la presse M. Touré, au nom de « l’Alliance Cellou Dalein Diallo président ».
Une situation à couteaux tirés
Des accusations qui pourraient une nouvelle fois compromettre le déroulement de la présidentielle. Depuis quelques jours, la Céni se trouve au centre d’un grave conflit entre les deux candidats, Cellou Dalein Diallo (43% au premier tour) et Alpha Condé (18%). Au cours du week-end précédent, des violences entre les partisans des deux candidats rivaux avaient fait un mort et 54 blessés. Pour sortir de cette crise politique, le président de la transition, le général Sékouba Konaté, avait « exigé » mardi qu’une date soit fixée pour ce second tour.
La semaine dernière, la Céni avait annoncé le report, d’au moins deux semaines, du second tour de l’élection présidentielle, invoquant des problèmes techniques d’impression et d’acheminement du matériel électoral. Les partisans de Cellou Dalein Diallo redoutent que le gouvernement de transition ne prenne prétexte des affrontements du week-end pour retarder le deuxième tour, qui a déjà été reporté à plusieurs reprises depuis le premier tour en juin.
La tension ne cesse de monter en Guinée à l’approche du deuxième tour de l’élection présidentielle, la première depuis l’indépendance en 1958.
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