« Scénarios d’Afrique » est un concours qui permet à la jeune génération d’exprimer ses idées face à la maladie et de participer à la production de courts-métrage s’inspirant de leurs écrits. Kidi Bebey, coordinatrice et membre de jury de ce concours, revient sur ce projet de mobilisation et d’éducation sur le VIH/Sida.
Le concours « Scénarios d’Afrique » a été lancé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida en 1997. Ce projet invite les jeunes, du 1er décembre au 15 mars, à s’exprimer sur cette maladie à travers des scénarios. Les meilleurs donneront lieu à des courts-métrage réalisés par de grands cinéastes africains.
Afrik.com : Quand l’idée de créer « Scénarios d’Afrique » a-t-elle germée ?
Kidi Bebey : Scénarios d’Afrique a vu le jour en 1997. Avant, le concours s’appelait « Scénarios du Sahel » et ne concernait que trois pays : le Sénégal, le Mali et le Niger. L’idée est venue de « Scénarios sur le VIH » organisé en France dans les années 80. A cette époque des réalisateurs français comme Mathieu Kassovitz et Toni Marshall avaient mis en image les scénarios de lycéens.
Afrik.com : Quel est l’objectif de ce concours ?
Kidi Bebey : Il permet aux jeunes de s’éduquer et d’éduquer les autres sur le VIH/SIDA. La diffusion des films sur les stations locales de la télévision dans presque tous les pays de l’Afrique sub-saharienne suscite le débat. La fiction favorise réellement les discussions intergénérationnelles. De plus, afin d’être accessibles à tous, ils sont aussi traduits dans les langues locales en Yorouba (parlée au Nigeria, ndlr), en Haoussa (parlée au Nigeria et au Niger, ndlr)…
Afrik.com : Quelles sont les conditions pour participer à « Scénarios d’Afrique » ?
Kidi Bebey : Le concours est ouvert à partir du 1er décembre aux jeunes Africains de moins de 25 ans. les scénarios peuvent être présentés sous forme d’histoire, de bande dessinée, de poème ou encore de chanson. Jusqu’ici, plus de 105 000 personnes originaires de plus de 35 pays africains ont pris part au concours. Les meilleurs sont sélectionnés par un jury et sont ensuite réalisés par des cinéastes africains de renommée mondiale qui sont entourés, pour les aider, de personnes atteintes par le VIH.
Afrik;com : Pourquoi vous êtes-vous impliquée dans ce projet ?
Kidi Bebey : C’est en 1994 que j’ai pris conscience de la pandémie du sida. Je travaillais à l’époque pour Planète jeunes, un journal destiné aux adolescents africains. Nous avions alors fait un dossier sur le VIH, j’ai été frappée par les chiffres et les faits. A vrai dire, ça m’a révoltée. C’est une maladie qui touche beaucoup de jeunes africains, et l’Afrique plus généralement. Je ne pouvais pas rester insensible.
Afrik.com : Vous qui avez lu ces scénarios, que reflètent-ils ?
Kidi Bebey : Les jeunes qui écrivent ces scénarios sont d’une grande maturité. Ils connaissent très bien la maladie. Ils parlent de leur génération mais aussi de celle de leurs parents. Pour exemple, une fillette de onze ans a écrit un scénario sur une jeune femme qui ne voulait pas de relations amoureuses avec un homme qui n’avait pas fait son test de dépistage. L’idée qui apparaît ici est que le test est un nouveau critère dans le couple. Les jeunes sont vraiment porteurs de nouveaux messages, il faut juste les écouter.
Afrik.com : Selon vous, que devrait-on faire le 1er décembre ?
Kidi Bebey : C’est l’occasion de prendre de fermes résolutions, de prendre un engagement. Pour les parents, par exemple, ça peut être le moment de parler du Sida à leurs enfants. Et puis, le 1er décembre, c’est aussi l’occasion de faire un test de dépistage pour les plus grands. Cependant, lutter contre le sida est une affaire de chaque jour.
Pour en savoir plus sur le concours :
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