Shabir Shaik, l’ancien conseiller financier du vice-président sud-africain, a été jugé coupable pour corruption et fraude fiscale, ce jeudi 02 juin, par la Haute Cour de Durban. Le verdict du « Procès Shaik » met largement en cause l’intégrité de Jacob Zuma, qui aurait profité des largesses financières du business man en échange de son influence. Scandale politique le plus important depuis la fin de l’Apartheid, la condamnation de Shabir Shaik, dont la peine sera connue ce vendredi, compromet les ambitions de Zuma pour succéder à Thabo Mbecki en 2009.
Un proche du vice-président sud-africain jugé coupable de corruption. L’homme d’affaires Shabir Shaik, ancien conseiller financier de Jacob Zuma, numéro 2 de l’échiquier politique en Afrique du Sud, a été jugé coupable de corruption et de fraude fraude fiscale, jeudi 2 juin, par la Haute Cour de Durban. Le procès, long de 7 mois, à l’engouement médiatique national sans précédent, compromet l’avenir politique du vice-président, principal prétendant à la succession de Thabo Mbecki, l’actuel Président de l’Afrique du Sud. Le verdict met en lumière les « arrangements » monnayés entre le business man et l’homme du Congrès national africain (ANC). La peine encourue par Shabir Shaik sera connue ce vendredi. La poursuite judiciaire du vice-président ne serait pas d’actualité.
Shabir Shaik est un homme d’affaires influent de Durban, actionnaire des groupes de fabrication d’armement ADS (African Defense System) et Thalès (anciennement Thomson-CSF), dont il fut directeur jusqu’en 1999. Au terme d’un jugement long de 165 pages, dont la lecture aura duré trois journées, Shabir Shaik a été reconnu coupable de corruption et de fraude, notamment pour avoir versé des dessous de table et des pots-de-vin à Jacob Zuma, en échange de son influence politique. Selon TV5, l’ancien conseiller financier était accusé d’avoir versé à Zuma 1,3 million de Rands (160 000 euros) entre 1995 et 2001 afin de bénéficier de son influence politique pour la conclusion de contrats. Il lui est aussi reproché d’avoir négocié un pot-de-vin entre Zuma et le fabriquant d’armes Thint, filiale sud-africaine du groupe français Thomson-CSF (Thales), prévoyant le versement de 500 000 rands (59 500 euros) annuels au vice-président, pour empêcher que le fabriquant ne soit mise en cause dans une enquête sur un contrat d’armement controversé.
Copinages frauduleux
D’après l’AFP, Shabir Shaik a rejeté toutes les accusations, affirmant avoir sollicité une donation pour une mission éducative fondée par Zuma et aidé financièrement le vice-président « en tant qu’ancien compagnon de la lutte anti-apartheid ». Pour le juge Hilary Squires, « toutes les entreprises de Shaik ont été utilisées d’une façon ou d’une autre en contravention avec la législation de la corruption (…) Les preuves montrent la promptitude de Shaik à solliciter une aide à Zuma, ainsi que celle de Zuma à lui venir effectivement en aide. Il n’y a aucun doute». Dans un entretien accordé au quotidien Star, le juge estime que les preuves à l’encontre de l’homme d’affaires de Durban sont « non seulement convaincantes, mais vraiment accablantes ». D’après le Star, l’un des anciens partenaires commerciaux de Shaik, le professeur Themba Sono, a affirmé à la cour que Shaik utilisait ses « connections politiques » comme véritable « force de vente » pour ses sociétés. La peine encourue par Schabir Shaik pour les trois chefs d’accusation (un de corruption et deux de fraude fiscale) sera prononcée dans la matinée du vendredi 3 juin par la Haute Cour de Durban.
Zuma à la barre ?
Ce procès de plusieurs mois a connu un engouement médiatique sans précédent en levant le voile sur des pratiques qui remettent en cause la légitimité du parti au pouvoir. Il porte un frein aux ambitions politiques de Jacob Zuma, absent à la barre mais au cœur du procès. Ce dernier convoite la succession du Président Thabo Mbecki, dont le mandat arrive à terme en 2009. Si les partis d’opposition ont appelé le vice-président à démissionner, ce dernier reçoit un important soutien de la part des Zoulous et des membres influents du Congrès National Africain (au pouvoir). D’après la BBC, les autorités compétentes (The National prosecuting authority) ont refusé de se prononcer sur une éventuelle poursuite judiciaire de Jacob Zuma. Le procès Shaik découle d’une investigation dirigée par le procureur général Bulelani Ngcuka, longue de plusieurs années. Le procureur avait déclaré en 2003 que même s’il y avait déjà des preuves claires contre Mr Zuma, il ne lui intenterait pas de procès avant d’être entièrement certain de mener le procès à sa « victoire ». Jacob Zuma condamne ce « procès médiatique » en jurant qu’il est impossible qu’il soit sujet à tout poursuite judiciaire.