Le scandale Mediador, qui ébranle l’Espagne depuis des mois, prend une ampleur internationale inattendue. Ce qui semblait être une affaire de corruption locale aux îles Canaries s’avère être un vaste réseau tentaculaire s’étendant jusqu’en Afrique, impliquant des fonds européens détournés et des personnalités haut placées.
Au cœur de l’affaire : un général, des hommes d’affaires et le PSOE
Francisco Espinosa Navas, général à la retraite de la Garde civile, se retrouve dans l’œil du cyclone. Arrêté en février avec d’autres suspects, il est accusé d’avoir orchestré un système de pots-de-vin sophistiqué. Le modus operandi ? A partir des Iles Canaries, faciliter l’obtention de contrats publics contre des enveloppes bien garnies.
L’affaire prend une tournure politique avec l’implication présumée de membres du Parti socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), jetant une ombre sur le gouvernement actuel de Pedro Sánchez. Face à l’ampleur du scandale, la juge en charge a décidé de scinder l’enquête, signe de la complexité du dossier.
L’Afrique, nouveau terrain de jeu des corrupteurs
En effet, l’histoire ne s’arrête pas aux frontières espagnoles. Des sources judiciaires révèlent que le général Espinosa Navas avait étendu ses activités douteuses sur le continent africain. Utilisant son réseau d’influence, il aurait décroché des contrats juteux liés à des projets internationaux, souvent financés par l’Union européenne.
Antonio Navarro Tacoronte, surnommé « El Mediador », apparaît comme le maître d’œuvre de ce réseau international. Organisateur de rencontres entre Espinosa Navas et des hommes d’affaires avides d’investir en Afrique, il aurait facilité la conclusion d’accords occultes lors de réunions en Espagne et sur le sol africain.
L’Europe entre dans la danse
L’affaire prend une nouvelle dimension avec l’entrée en scène du Parquet européen. Ce dernier s’intéresse de près aux fonds européens potentiellement détournés dans cette affaire. La Fundación Internacional y para Iberoamérica de Administración y Políticas Públicas (FIIAPP) est dans le collimateur, soupçonnée d’avoir validé des contrats frauduleux sous l’influence d’Espinosa Navas.
Le scandale Mediador provoque un véritable tsunami politique en Espagne. Le Parti populaire (PP) fait pression pour la mise en place d’une commission parlementaire, tandis que le PSOE tente de limiter les dégâts. Aux Canaries, les responsables socialistes ne cachent pas leur « honte » et leur « indignation », pendant que l’opposition exige des réponses et des actions concrètes.
Cette affaire met en lumière la sophistication des réseaux de corruption modernes, capables de transcender les frontières et de détourner des fonds internationaux. Alors que les enquêteurs espagnols et européens s’attellent à démêler cet écheveau complexe, une question demeure : jusqu’où ira le scandale Mediador et quelles têtes finiront par tomber ?